Var-Matin (Grand Toulon)

La décharge sauvage de Tanneron stoppée net

Les gendarmes viennent de saisir les engins qui servaient à l’exploitati­on de ce site illégal, envahi depuis le mois de février 2016 par une quantité impression­nante de déchets du BTP

- EMERIC CHARPENTIE­R echarpenti­er@nicematin.fr

À5 minutes du village de Tanneron, quartier des Pourrières, ce terrain était devenu au fil des mois une décharge à ciel ouvert, pollué par des déchets du bâtiment et des travaux publics. Depuis février 2016, date à laquelle cette parcelle boisée a été achetée par la société BVS basée à Cannes avant d’être défrichée sans autorisati­on sur 1100 m2, des camions bennes en provenance des Alpes-Maritimes venaient y déverser des volumes impression­nants de remblais, entre autres poutrelles et traverses de chemin de fer. Alertés par ce va-et-vient et le vacarme des déchargeme­nts dans ce quartier auparavant si tranquille, des riverains avaient les premiers, en juin dernier, manifesté leur exaspérati­on (notre édition du 18 juin 2016).

Après les PV, la manière forte

La municipali­té avait, dans la foulée, saisi la Direction régionale de l’environnem­ent, de l’aménagemen­t et du logement (DREAL). Et fin octobre, les services de l’État, accompagné­s des fonctionna­ires de la Direction départemen­tale des territoire­s et de la mer (DDTM), s’étaient déplacés pour constater l’ampleur des dégâts et les multiples infraction­s du propriétai­re en termes d’urbanisme et d’environnem­ent (notre édition du 1er octobre). Qu’il s’agisse des atteintes au milieu naturel, du non-respect des règles d’urbanisme ou de l’absence d’autorisati­on d’exploitati­on. «Vu le volume des déchets, on est sur une installati­on classée», commentait hier le procureur de la République de Draguignan, Ivan Auriel. Lors du contrôle effectué en octobre, il est apparu en effet que les gravats en tout genre occupaient 2 200 m2 à la base et 800 m2 sur 25 m de hauteur ! Et cela, c’était il y a plus de sept mois… Adressés au propriétai­re à la suite de la visite de la DREAL et de la DDTM, des procèsverb­aux et mises en demeure n’ont reçu aucune suite. Et le ballet des poids lourds, parfois deux ou trois toutes les deux heures, a continué… À la demande du parquet de Draguignan, la Cellule d’appui judiciaire du Groupement de gendarmeri­e du Var est donc passée à l’action. Mardi dernier, avec le renfort des militaires de la Compagnie de Draguignan, elle a perquisiti­onné le terrain et saisi divers documents ainsi que les engins présents pour exploiter le site, à savoir cinq camions, un tracteur, un porteengin­s et une pelle hydrauliqu­e. Une mesure conservato­ire pour empêcher que les déchargeme­nts illégaux se poursuiven­t.

À venir, le volet financier

Les gendarmes attendent maintenant de procéder à l’audition des personnes mises en cause, au vu notamment des documents qui ont été recueillis. Un deuxième volet de l’enquête sera traité ultérieure­ment sur l’aspect financier du dossier dans la mesure où, selon le procureur, la société ne respectait pas son obligation de retraiteme­nt des déchets qu’elle facturait néanmoins à ses clients. Enfin, in fine, le tribunal correction­nel pourrait ordonner la remise en état et le reboisemen­t du terrain. Une opération qui s’annonce difficile en raison des profondes modificati­ons qu’a subies le périmètre.

 ?? (Photos Philippe Arnassan) ?? Le  septembre dernier, les fonctionna­ires de la DREAL et de la DDTM étaient venus constater les dégâts. Mais malgré des procès-verbaux et mises en demeure, les déchargeme­nts se sont poursuivis (photo de gauche). L’affaire a débuté quand, en juin...
(Photos Philippe Arnassan) Le  septembre dernier, les fonctionna­ires de la DREAL et de la DDTM étaient venus constater les dégâts. Mais malgré des procès-verbaux et mises en demeure, les déchargeme­nts se sont poursuivis (photo de gauche). L’affaire a débuté quand, en juin...

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