Affaire Ferrand: Philippe veut laisser les électeurs juges
Le Premier ministre Edouard Philippe a renouvelé, hier, sa « confiance » à Richard Ferrand, après les révélations sur une affaire immobilière concernant sa compagne, laissant aux électeurs bretons le soin de décider du sort du ministre, candidat dans le Finistère. Alors même que son gouvernement planche sur sa première loi, consacrée à la moralisation de la vie publique, M. Philippe a déclaré : « Richard Ferrand a ma confiance ».
Une affaire qui « tombe mal »
Selon lui, les électeurs de la circonscription de CarhaixPlouguer « pourront dans deux semaines dire si, comme moi, ils ont confiance en Richard Ferrand ». « Ce sera le juge de paix, celui que personne ne peut dépasser en démocratie », a ajouté le Premier ministre. Selon le Canard Enchaîné, les Mutuelles de Bretagne dont Richard Ferrand était alors le directeur général avaient souhaité en 2011 louer des locaux commerciaux à Brest pour ouvrir un centre de soins. L’entreprise avait choisi, entre trois propositions, celle d’une société immobilière appartenant à la compagne du ministre. Une affaire qui touche un des plus proches d’Emmanuel Macron et « tombe mal », de l’aveu du porte-parole du gouvernement Christophe Castaner : « l’exemplarité » en politique était au coeur de sa campagne. M. Cambadélis a dénoncé une affaire d’« enrichissement personnel », qui « est en train de devenir l’affaire principale de cette élection », comme le Penelopegate avait pesé sur toute la campagne présidentielle. Au micro de BFMTV, le premier secrétaire du PS a prédit son déroulement: « Acte 1 : un journal satirique ou autre révèle une affaire. Acte 2 : l’homme politique dit “Il n’y a rien à voir, circulez” Acte 3 : il y a l’explication la semaine suivante de cette affaire. Acte 4 : il démissionne ». Mais le Premier ministre a tenté de minimiser la polémique, affirmant qu’il s’agissait juste d’un « débat ». « Il n’y a aucune procédure juridictionnelle en cours, il n’y a donc pas une affaire, il y a un débat. Ce débat, il est politique et il sera tranché par ceux qui sont les plus à même et les mieux à même de trancher les débats politiques, qui sont les électeurs et les citoyens français », a déclaré Edouard Philippe. M. Castaner a souligné pour sa part que « si le parquet juge utile d’intervenir, il a toute la liberté de le faire ». Le président de l’UDI JeanChristophe Lagarde s’est lui « étonné » qu’aucune enquête n’ait été ouverte par le parquet : « cequime choque - je ne connais pas le fond du dossier, je ne sais pas s’il y a délit - c’est qu’il n’y ait même pas enquête, ne serait-ce que pour lui. Moi, à sa place, je demanderais au parquet d’enquêter pour démontrer son innocence », a déclaré M. Lagarde sur RTL.
Pas d’enquête par le parquet de Brest
Une source proche du dossier avait fait savoir mercredi que le parquet national financier (PNF) n’est pas compétent « à ce stade » pour ouvrir une enquête, alors que le parti Les Républicains avait auparavant annoncé son intention de le saisir. Hier le parquet de Brest a annoncé que les faits dénoncés par le Canard enchaîné ne permettent pas d’ouvrir une enquête.