« J’avais le corps en vrille »
Pendant quatre années, ses douleurs au ventre ne lui laisseront aucun répit. Additionnées à de nombreux autres maux, elles feront de Carole « une loque ». Ainsi se décrit-elle. En 2013, Carole est une jeune quadra, très épanouie, dans sa vie privée comme professionnelle. Maman de deux jeunes enfants, cette habitante de Peymeinade ne souhaite plus de grossesse. « Comme je ne supportais plus la pilule, et que je n’arrivais pas à tolérer davantage les stérilets aux hormones, et au cuivre, j’ai souhaité bénéficier d’une ligature des trompes. Mais mon médecin m’a aussitôt parlé des implants Essure en des termes très positifs: beaucoup moins invasif, par les voies naturelles, sans anesthésie générale etc….» Bref, une méthode de stérilisation définitive qui, a
priori, a tout pour plaire. Et effectivement, quatre mois plus tard (délai de réflexion imposé), le 25 avril 2013, après une intervention très courte, Carole quitte déjà l’hôpital. Elle n’a ressenti presque aucune
douleur… « C’est très progressivement que les symptômes sont apparus… Outre le mal de ventre, qui est devenu permanent, j’éprouvais une fatigue intense et une multitude de troubles: des bouffées de chaleur, des règles hémorragiques, des vertiges, une constipation chronique… Ils apparaissaient, disparaissaient…»
En novembre 2015, à bout de force, elle retourne voir son gynécologue :
« Ça ne va pas, je n’en peux plus!» «Vous êtes probablement en préménopause ». Les analyses de sang infirmeront
cette hypothèse. « On m’a alors parlé de burn-out! Je répondais que non: mon boulot, ma vie, tout allait bien ». Les mois passent, d’autres symptômes apparaissent: « parfois, je perdais la voix, ou elle était éraillée, j’avais des maux de jambes, de dos… J’étais essoufflée,
j’avais des démangeaisons à la tête, des cloques sur la peau, ma mémoire devenait défaillante - jusqu’à perdre les mots simples - et souffrais même d’incontinence… A 40 ans, j’avais le corps en vrille!» Le 9 décembre 2016, «l’affaire Essure », portée par l’association Resist, présidée par Marielle Klein (lire ci-dessous), lanceur d’alerte et victime elle-même, est médiatisée. « J’ai été sur le site de l’association, j’ai lu les témoignages et, enfin, j’ai compris ce que j’avais. Pendant toutes ces années, je n’avais jamais fait le lien!» Le médecin qu’elle consulte est au courant de la polémique, tente de minimiser, mais Carole est formelle: elle veut qu’on lui retire les implants. L’intervention a lieu le 9 janvier dernier, « soit 3 ans et 8 mois plus tard. Le jour même j’ai ressenti une amélioration!» Mais, il lui faudra attendre quatre mois supplémentaires pour que tous les symptômes disparaissent. « Aujourd’hui, je n’ai plus rien ; je nage à nouveau trois fois par semaine, je dors très bien… Seuls persistent quelques acouphènes». Comme un vestige des temps difficiles. Si Carole est sans haine, elle confie toutefois être en colère: « Pourquoi, comment aucun lien n’at-il pu être établi entre les implants et mes symptômes? Que savaient les médecins des effets secondaires? Mon propre médecin me dit qu’il n’aurait jamais imaginé que cela puise produire de tels effets. Aujourd’hui, il ne pose plus ces implants, mais je lui ai demandé: « avez-vous contacté toutes vos patientes qui ont été implantées?» Même si une majorité de femmes les supportent a priori bien, je ne comprends pas que l’on pose encore ces implants. Aujourd’hui, je suis libérée, Mais ils m’ont gâché la vie pendant des années ».