Var-Matin (Grand Toulon)

Le verre à moitié plein

- Par MICHÈLE COTTA

Lorsqu’ils ont accueilli Emmanuel Macron, les dirigeants du G, réunis vendredi et samedi dans le superbe village sicilien de Taormina (site imprenable sur la mer et sur l’Etna) avaient encore en mémoire l’interminab­le poignée de mains échangée, en marge de la réunion de l’Otan vingt-quatre heures auparavant, par deux des nouveaux venus dans leur petit groupe fermé : Donald Trump et Emmanuel Macron. On sait Donald Trump doué pour écraser dans sa main droite les phalanges de ses interlocut­eurs. Façon de montrer qu’à ce petit jeu, comme dans d’autres plus sérieux, le plus fort, c’est lui. Il lui est arrivé de faire souffrir de cette façon Shinzo Abe, le Premier ministre japonais, qui en avait eu, littéralem­ent, la sueur au front. Eh bien cette fois, ayant observé par avance le manège du Président américain, c’est Emmanuel Macron qui, dans ce concours, il faut bien le dire, assez ridicule mais éclairant, a broyé longuement les doigts du dirigeant le plus puissant du monde. Et l’on a vu Donald Trump, surpris par cette poigne de fer qu’il n’attendait pas, chercher à libérer ses doigts de ceux du Président français. Une anecdote ? Pas seulement, puisque c’est ainsi que les leaders du G ont jugé, d’entrée de jeu, que le Président français ne s’en laisserait pas remontrer. Emmanuel Macron, qui a souvent, pour le compte de François Hollande, organisé, comme « sherpa », bien des sommets précédents, n’a pas été impression­né par la proximité des grands de ce monde, qu’il retrouvait cette fois dans un autre rôle. On l’attendait de pied ferme dans ce club fermé : ses premiers pas diplomatiq­ues ont été réussis. Cela n’a pas étonné outre mesure la chancelièr­e Angela Merkel, qui avait été la première à recevoir Emmanuel Macron, à Berlin. Justin Trudeau et le Président français, les benjamins de la rencontre, se tutoient déjà. Avec le Premier ministre belge et celui du Luxembourg, rencontrés à Bruxelles dans le cadre de l’Otan, tout désormais va pour le mieux. Certes, ce G s’est terminé sur un échec. Le Président américain, après avoir surpris ses interlocut­eurs par son comporteme­nt de bout en bout brutal, à certains moments presque insultant, n’a pas signé le passage du communiqué sur la lutte contre le réchauffem­ent climatique. Tout en en prenant acte, Emmanuel Macron a affirmé, lui, au cours de sa conférence finale, qu’après tout, le verre était à moitié plein plutôt qu’à moitié vide, puisqu’un accord important sur la lutte contre le terrorisme avait, lui, bel et bien été entériné. Aujourd’hui, le Président français accueiller­a, au Grand Trianon, Vladimir Poutine, à l’occasion de l’exposition qui célèbre le e anniversai­re de la visite du tsar Pierre le Grand à Paris en . Entre les deux hommes, ce n’est pas l’amour fou. Mais l’urgente nécessité est là. La Russie est essentiell­e en Syrie et ailleurs, dans la lutte contre le terrorisme islamiste. Européens et Russes auraient tort de continuer à se regarder en chiens de faïence, voire de se tirer dans les pattes, face au danger qui les menace tous.

« Dans le club très fermé du G7, on attendait Emmanuel Macron de pied ferme ; ses premiers pas diplomatiq­ues ont été réussis. »

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