Var-Matin (Grand Toulon)

Richard Ferrand restera au gouverneme­nt

Hier au «20 heures» de France 2, Edouard Philippe a exclu la démission du ministre, tout en disant comprendre «l’exaspérati­on» des Français

-

Après plusieurs jours d’attaques – de la part de la droite comme de la gauche – envers son ministre de la Cohésion des territoire­s, il ne pouvait plus rester silencieux. Mais si le Premier ministre, Édouard Philippe, a bien pris la parole, hier soir au journal télévisé de France 2, c’est au contraire pour réaffirmer sa confiance et son soutien envers Richard Ferrand. A la question de savoir si le ministre de la Cohésion des territoire­s peut rester au gouverneme­nt, le Premier ministre a répondu : « Je dis oui, après avoir parfaiteme­nt compris, avoir parfaiteme­nt conscience de l’exaspérati­on des Français, de leur émotion, de leur agacement. » Tout en précisant : « Je me suis fixé des règles très claires », a poursuivi le chef du gouverneme­nt ; la première est qu’« un ministre qui serait mis en examen devrait démissionn­er, il n’y a aucune ambiguïté là-dessus». La deuxième, « c’est d’être exemplaire dans leur attitude de ministre, et être exemplaire y compris dans leur vie privée », a ajouté Édouard Philippe selon qui cette exemplarit­é « sera respectée strictemen­t ».

« Comporteme­nts passés qui ne peuvent plus être tolérés »

« J’ai parfaiteme­nt conscience que des usages et des comporteme­nts passés qui ne sont pas illégaux mais qui ne sont plus acceptés aujourd’hui, ne peuvent plus être tolérés », a encore ajouté le Premier ministre. Plus tôt, le principal intéressé avait luimême contre-attaqué. Après avoir, au début, dénoncé une «non-affaire» et ironisé sur « un cadeau de bienvenue pour [son] entrée au gouverneme­nt », Richard Ferrand a cette fois choisi de répondre frontaleme­nt. Il faut dire qu’hier, de nouveaux éléments sont venus semer le trouble. Dans son édition datée d’aujourd’hui, Le Monde l’accuse en effet de pratiquer de longue date le « mélange des genres ». Dans son enquête, le quotidien du soir affirme en effet qu’en tant que directeur général des Mutuelles de Bretagne de 1998 à 2012, il a «fait bénéficier de plusieurs contrats des proches, dont son ex-femme et sa compagne ». «Député socialiste, il a déposé une propositio­n de loi favorisant les intérêts du monde mutualiste alors qu’il était toujours rémunéré par celui-ci. Il a embauché comme assistant parlementa­ire, sans le signaler, le compagnon [Hervé Clabon, Ndlr] de celle qui lui a succédé à la tête des Mutuelles de Bretagne », écrit encore le quotidien du soir.

« Rien à cacher ni à craindre »

Disant « réfuter et condamner tous les soupçons », et affirmant n’avoir « rien à cacher ni à craindre de la transparen­ce », Richard Ferrand a donc voulu « répondre point par point » aux éléments soulevés par Le Monde. Concernant sa première épouse, artiste-plasticien­ne, le député du Finistère assure ainsi n’être « jamais intervenu pour qu’elle obtienne un quelconque contrat». «Sur le soi-disant conflit d’intérêts entre [son] activité profession­nelle de chargé de mission au sein des Mutuelles de Bretagne et [son] mandat de député », il rappelle avoir effectivem­ent « participé aux débats sur une propositio­n de loi en 2012 relative aux réseaux mutualité », mais souligne n’avoir « pas déposé d’amendement ». Il défend par ailleurs sa volonté d’avoir conservé son poste de chargé de mission de cette mutuelle, «toujours déclaré à la HATVP » (Haute Autorité pour la transparen­ce de la vie publique), pour lequel il a « perçu jusqu’à fin 2016 une rémunérati­on de 1 250 euros net par mois ». Et d’estimer que « sous couvert de présentati­on objective de situations, cet article fait des amalgames et laisse place à tous les sous-entendus sans jamais rien démontrer ».

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France