Muselier: «Des résultats sous ans et une vision sur ans»
Élu lundi président de la Région Paca, succédant à Christian Estrosi, il veut rendre cette institution plus lisible et lui faire profiter au maximum de l’argent de l’Europe
Hier, Renaud Muselier a fait son premier déplacement en tant que nouveau président de la Région Paca, dans le Vaucluse, en Avignon, avant de se rendre aujourd’hui dans le Var, sur les thèmatiques des lycées et de la prévention des incendies. Deux départements qui ont un point commun : celui de se sentir fragile entre les deux mastodontes que sont les Alpes-Maritimes et les Bouches-du-Rhône. Il s’en dit conscient et affirme qu’il sera à l’écoute. «L’écoute, c’est ma culture de médecin. Il faut écouter pour faire un bon diagnostic. » Dans la foulée d’une interview à France Bleu Vaucluse, il s’est expliqué sur la politique, sa vision de l’Europe et l’emploi, ou encore sur les législatives. Il veut s’inscrire dans la continuité de la politique menée par Christian Estrosi, à qui il succède, mais il a son credo : « Je veux des résultats sous trois ans avec une vision sur vingt ans. » Une phrase qu’il a certainement glissée à Edouard Philippe, le Premier ministre, qui l’a appelé lundi pour le féliciter.
Après heures, quel est votre regard sur la journée d’hier ? J’ai une infinie reconnaissance envers Christian Estrosi. On a fabriqué un binôme qui a appris à gagner, travailler, gouverner ensemble. Aujourd’hui, il me passe le témoin. C’est rare d’avoir des amis en politique. Ma majorité me soutient. C’est très important pour moi, car il m’est arrivé par le passé des choses que je n’oublierai jamais. J’ai connu une traversée du désert d’une violence extrême. Quand plus personne ne vous téléphone, puis quand tous vous appellent, comme cette nuit, pour vous féliciter, on passe de la nuit au jour. Mais je ne suis dupe de rien. Je sais qui sont mes amis, je sais qui est qui.
Vous avez dit hier que vous serez « le président de l’action comprise ». Que voulez-vous dire ? On ne sait pas à quoi ça sert, la Région. On ne sait pas ce que font les conseillers régionaux, parce que personne ne l’explique jamais. Il y a un travail pédagogique à faire de la part des élus. C’est quoi, le SRDEII ? C’est imprononçable et pourtant, c’est le développement économique des TPE-PME et la vision de l’avenir de l’organisation économique de notre territoire. Des acronymes comme ça, vous en avez tant que vous voulez. On va sortir de ce règne.
Quelles sont vos priorités ? Je veux des résultat sous trois ans avec une vision sur vingt ans. C’est valable pour la totalité des mes partenaires : les présidents des départements, les présidents de métropoles, les maires, les responsables associatifs, les chefs d’entreprises, les chambres de commerce, tous nos interlocuteurs. Et la SNCF en premier. Je ne réglerai pas les problèmes de la SNCF du jour au lendemain, ils datent de quinze ans, mais je vais les aborder avec la même détermination que celle de Christian Estrosi : remise en cause, renégociation et rupture si nécessaire sur les dossiers concernant les services que l’on paie et qui ne sont pas fournis. Elle n’a pas tous les torts. Mais on veut remettre de l’ordre.
Et pour l’emploi? Il y a environ chômeurs dans la Région et, en face, postes à pourvoir. Il y a un problème. On veut des formations qui ramènent ces jeunes et moins jeunes vers l’emploi. On arrêtera de financer les formations qui n’ont pas de débouchés professionnels. Les centres de formation sont souvent performants mais pas toujours adaptés au retour à l’emploi.
Vous vous inscrivez en rupture avec le socialiste Michel Vauzelle, qui a précédé la droite à la tête de la Région ? M. Vauzelle était devenu, au bout de ans, le tiroir-caisse des autres collectivités. En fonction de votre réseau associatif et de vos relations, de votre projet et de votre proximité, vous demandiez à la Région de vous financer ou de vous cofinancer. C’est fini. Je ne suis plus le guichet unique de tous les demandeurs d’argent. J’ai une vision structurelle de l’aménagement du territoire, de l’éducation, des universités, de l’organisation des transports et du traitement des déchets, dossier sur lequel on va travailler l’année prochaine.
Vous souhaitez des débats apaisés en conseil. Cela a mal commencé avec le FN... Je voudrais dire que ce n’est pas Christian Estrosi qui part, c’est Marion MaréchalLe Pen. Les propos d’Olivier Bettati lundi sont inacceptables. Il a attaqué le président sortant de la Région. Quel intérêt ? Mme Maréchal-Le Pen quitte la Région. Elle veut protéger sa vie, mais qu’elle se protège aussi de sa famille. Tout est dit.
Vous dites que l’Europe est le e mois de la Région, c’est une façon de la défendre ? Nous ne savons pas nous en servir. Nous avons laissé l’extrême droite et l’extrême gauche la déglinguer. Il faut une France forte pour avoir une Europe forte. Les hommes politiques qui parlent de l’Europe s’honorent. La plupart du temps, quand les hommes politiques ne prenaient pas une décision qui les honoraient, ils disaient que c’était la faute de l’Europe. Mais c’est un outil de développement régional exceptionnel. Nous avons à peu près un milliard d’euros de fonds structurels qui sont attribués à Paca en fonction des projets qui sont programmés. Et dans les appels à projets, nous sommes à peu près également à un milliard d’euros. Ces sommes représentent le budget de la Région Paca. Pourquoi soutenez-vous le maire de Vence, qui se présente aux législatives sous l’étiquette La République en marche ? Ma famille politique, c’est Les Républicains. Je soutiens les candidats LR. Loïc Dombreval est un maire de droite, un ami personnel qui siège dans ma majorité au conseil régional. Je ne sais pas ce qu’il se passe dans les Alpes-Maritimes, mais ils se sont débrouillés pour que la première adjointe, Mme Sattonet, soit candidate LR-UDI contre son maire. Cela étant, je réalise qu’au-delà de trois représentants de la droite au gouvernement, le fantôme de M. Hollande est autour de M. Macron. Dans les investitures données par En Marche !, la plupart du temps, ce sont des socialistes camouflés, pour mieux profiter de la vague. Moi, je veux le maximum de députés de droite pour peser dans la vie politique française.
Est-il vrai que voulez changer le nom de Paca ? Non. C’est impossible. Paca représente trois marques mondiales : Provence, Alpes et Côte d’Azur, je ne peux changer cela. Mais je réfléchis à y poser peut-être un sous-titre, à faire quelque chose, car Paca cela ne sonne pas bien.
Arrêter de financer les formations sans débouchés ” Je veux le maximum de députés de droite”