Au moins morts dans un attentat à Kaboul
Plus d’une tonne et demie d’explosif a été utilisée pour cette attaque dans le quartier des ambassades, qui a aussi fait 400 blessés. Hier soir, elle n’avait pas été revendiquée
Au moins 90 personnes sont mortes et 400 ont été blessées, dont nombre de femmes et d’enfants, dans un gigantesque attentat au camion piégé perpétré hier dans le quartier diplomatique de Kaboul, où l’onde de choc a semé la panique. Un bilan encore provisoire et qui risquait de s’alourdir au fur et à mesure que des corps étaient retirés des décombres. L’attentat n’avait pas été revendiquée en début de soirée, et sa cible précise n’était toujours pas clairement établie. L’attaque, commise au début du mois de jeûne du ramadan dans cette zone ultra-protégée abritant de nombreuses ambassades barricadées derrière de hauts murs, a été menée à l’heure de pointe matinale et avec d’importants moyens. « L’explosion a été causée par une citerne à eau qui contenait plus d’une tonne et demi d’explosif. Elle a laissé un cratère de 7 mètres de profondeur», a indiqué une source occidentale informée à Kaboul. Resolute Support, la mission de l’Otan dans le pays, a salué « la vigilance et le courage des forces de sécurité afghanes qui ont empêché le véhicule» d’entrer plus avant dans la zone diplomatique.
Un cratère de mètres
Le camion piégé a été actionné par un kamikaze vers 8h30 (heure locale, 6 heures à Paris). Extrêmement forte, la déflagration a provoqué d’énormes dégâts à la ronde et a secoué une grande partie de la ville, soufflant de nombreuses vitrines, portes et fenêtres, et semant la panique parmi les habitants qui tentaient désespérément d’aider les victimes et d’avoir des nouvelles de leurs proches. Des dizaines de voitures démolies gisaient abandonnées sur le site, et plusieurs ambassades étrangères ont fait état de dégâts matériels – dont l’ambassade de France où ils sont qualifiés d’« importants », ainsi que celles d’Allemagne, du Japon, de Turquie, des Émirats Arabes Unis, d’Inde et de Bulgarie. Le gouvernement a appelé la population à des dons de sang dans les hôpitaux. Parmi les victimes figurent notamment un garde afghan de l’ambassade d’Allemagne et un chauffeur, également afghan, de la BBC, ainsi qu’un journaliste de la chaîne afghane Tolo. Deux employés de la même ambassade et 4 journalistes de la BBC ont également été blessés.
Les talibans condamnent
Les talibans (qui, par le passé, ont rarement revendiqué les attentats dans lesquels le nombre de victimes civiles s’avérait très lourd, et ont annoncé fin avril le lancement de leur «offensive de printemps») ont affirmé sur Twitter ne «pas être impliqués dans l’attentat de Kaboul et le condamner fermement ». Quant à Daesh, auteur de plusieurs attentats sanglants à Kaboul ces derniers mois, elle ne s’était pas exprimée à ce stade. Le président Ashraf Ghani a dénoncé un « crime de guerre », et s’est indigné que « ces terroristes continuent de tuer des innocents même pendant le mois sacré de Ramadan». Amnesty International a pour sa part souligné que cet attentat montrait que « le conflit en Afghanistan ne faiblit pas mais s’étend dangereusement, d’une manière qui devrait alarmer la communauté internationale ». Au niveau international justement, Washington a dénoncé une attaque « atroce ». «Le fait que cette attaque ait eu lieu pendant le mois du ramadan souligne sa dimension barbare », a indiqué un responsable de la Maison-Blanche, soulignant que l’ambassade des États-Unis à Kaboul travaillait avec ses partenaires pour aider les ambassades et les personnels touchés. « De telles attaques ne changent rien à notre détermination à soutenir le gouvernement afghan dans ses efforts pour stabiliser le pays» ,a déclaré de son côté le ministre allemand des Affaires étrangères, Sigmar Gabriel. Et le pape François a dénoncé une attaque «abjecte». L’attentat intervient dans un contexte de grande incertitude pour l’Afghanistan, alors que le président américain Donald Trump réfléchit à l’envoi de milliers de militaires supplémentaires pour sortir de l’impasse. Les États-Unis, qui sont engagés en Afghanistan dans le plus long conflit de leur histoire, ont déployé 8 400 hommes dans ce pays aux côtés des 5000 envoyés par des États alliés membres de l’Otan, dont la principale mission est de former et de conseiller les soldats afghans.