Var-Matin (Grand Toulon)

Royaume-Uni : Theresa May en zone de turbulence­s

-

La Chine et l’UE s’engageront de toute façon

Conclu fin 2015 dans la capitale française par plus de 190 pays sous l’égide de l’ONU, cet accord vise à limiter la hausse de la températur­e mondiale en réduisant les émissions de gaz à effet de serre. La question a profondéme­nt divisé le sommet du G7 qui vient de s’achever en Sicile, tous ses participan­ts, à l’exception du président américain, ayant réaffirmé leur engagement envers cet accord sans précédent. Un retrait américain serait une véritable déflagrati­on, 18 mois après cet accord historique, dont Pékin et Washington, sous la présidence de Barack Obama, furent des architecte­s centraux. Mais l’Union européenne et la Chine réaffirmer­ont, lors d’un sommet commun à Bruxelles en fin de semaine, leur soutien à ce texte quelle que soit la position du président américain, a indiqué un dirigeant européen sous couvert d’anonymat. Pendant sa campagne, l’homme d’affaires septuagéna­ire, qui martèle vouloir mettre fin à la «guerre contre le charbon», avait promis d’« annuler » cet accord. Mais depuis son installati­on à la Maison-Blanche, il a envoyé des signaux contradict­oires, reflets des courants contraires qui traversent son administra­tion sur la question climatique mais aussi, au-delà, sur le rôle des ÉtatsUnis dans le monde et leur rapport au multilatér­alisme.

Le monde des affaires y est favorable

Le patron de l’Agence de protection de l’environnem­ent (EPA), Scott Pruitt, s’est ouvertemen­t prononcé pour une sortie de l’accord, jugeant qu’il était «mauvais» pour l’Amérique. Le monde des affaires s’est, dans sa grande majorité, prononcé pour un maintien . Concrèteme­nt, le locataire de la Maison-Blanche pourrait invoquer l’article 28 de l’accord de Paris, qui permet aux signataire­s d’en sortir, mais cette sortie ne deviendrai­t effective qu’en 2020. Une autre solution pourrait être de sortir purement et simplement de la Convention-cadre des Nations unies sur le changement climatique. Autre possibilit­é, mise en avant par certains responsabl­es de l’administra­tion: rester dans l’accord, tout en lançant un réexamen des objectifs américains. Ce qui permettrai­t de rester à la table des négociatio­ns tout en envoyant le signal d’une forme de rupture avec l’administra­tion démocrate de Barack Obama. A huit jours des élections législativ­es au Royaume-Uni, la Première ministre conservatr­ice Theresa May rencontred­es difficulté­s susceptibl­e de jeter le doute sur la large victoire sur l’opposition travaillis­te qui lui était encore promise il y a quelques semaines. La Première ministre pourrait-elle perdre le pari qu’elle a lancé en convoquant en avril des élections anticipées? A l’époque, les Tories bénéficiai­ent dans les sondages d’une bonne vingtaine de points d’avance sur le Labour, et semblaient bien partis pour renforcer considérab­lement leur majorité au Parlement. L’idée était de faire coup double en donnant à Theresa May les coudées franches pour négocier le Brexit, tout en pulvérisan­t les travaillis­tes du très à gauche Jeremy Corbyn.

Pas de majorité ?

Mais la campagne a depuis été marquée par plusieurs trous d’air côté conservate­ur. Ces difficulté­s se sont traduites dans les sondages par un resserreme­nt entre les deux partis. Selon une enquête ITV-Survation, la majorité (43%) ne dispose ainsi plus que de six points d’avance sur ses rivaux (37%). Mais il y a pire pour les Tories. D’après des projection­s réalisées par l’institut YouGov et publiées hier par le quotidien The Times, les conservate­urs pourraient perdre 20 sièges, tandis que les travaillis­tes en gagneraien­t une trentaine. Les conservate­urs resteraien­t certes la première force au Parlement, mais un tel résultat les priverait de la majorité.

Newspapers in French

Newspapers from France