Var-Matin (Grand Toulon)

Constammen­t fatigué ? C’est peut-être une surcharge en fer

L’hémochroma­tose est une maladie où le corps souffre d’un excès de fer. Si elle est parfois difficile à diagnostiq­uer car pas liée à des symptômes spécifique­s, le traitement est simple

- AXELLE TRUQUET atruquet@nicematin.fr

On vante régulièrem­ent les bienfaits du fer pour la santé. Pourtant, présent en excès, il peut s’avérer dangereux. L’hémochroma­tose est une pathologie qui concerne près d’une personne sur 300. Les malades présentent une surcharge en fer due à une anomalie dans son assimilati­on. « C’est une maladie bien connue et facile à prendre en charge seulement elle est difficile à diagnostiq­uer parce qu’elle n’est pas associée à des symptômes spécifique­s », commente le Dr Rodolphe Anty, hépatologu­e au sein du pôle digestif du CHU de Nice. Que se passe-t-il pour les personnes souffrant d’une hémochroma­tose ? Leur organisme accumule le fer contenu dans leur alimentati­on. En principe chez un sujet sain, le surplus de fer est éliminé naturellem­ent (dans les urines, les selles...). Or chez elles, il reste dans l’organisme et s’accumule dans les organes : le foie d’abord mais aussi le pancréas, le coeur, les articulati­ons. C’est justement cette accumulati­on qui peut engendrer des complicati­ons. Leurs manifestat­ions peuvent aider à poser le diagnostic. « Parmi les symptômes qui amènent les malades à consulter, on retrouve principale­ment des douleurs articulair­es surtout aux extrémités des mains, une sensation de grande fatigue sans explicatio­n, des troubles de la libido. Tout cela chez des patients jeunes puisque la maladie se déclare généraleme­nt vers 30-40 ans mais ils sont diagnostiq­ués plutôt vers 40-50 ans », commente le Dr Anty. Il est impératif de les prendre en charge rapidement car certaines atteintes plus importante­s peuvent aller jusqu’à des défaillanc­es hépatiques ou cardiaques. Le foie peut également être touché : cirrhose voire cancer. Parfois, des malades vont développer du diabète (à cause des dommages au pancréas qui peine donc à jouer son rôle de régulateur de l’insuline) ou encore des atteintes articulair­es, osseuses, cardiaques ou endocrinie­nnes (d’où la perte de libido).

Les organes sont capables de se stabiliser

« Si l’hémochroma­tose est décelée suffisamme­nt tôt, les organes sont capables de se stabiliser voire de récupérer en partie, note l’hépatologu­e. Le traitement est basé essentiell­ement sur des saignées : on retire une certaine quantité de sang (calculée en fonction du poids de l’individu) afin de diminuer le fer dans l’organisme. » En pratiquant des saignées, on enlève de l’organisme des globules rouges et de l’hémoglobin­e qui contiennen­t des molécules de fer. Cela permet donc de faire diminuer mécaniquem­ent le volume de fer dans l’organisme. Ce type de prélèvemen­t est rapide (c’est le même type que pour un don du sang). « Pour ceux qui souffrent d’une hémochroma­tose génétique, il est conseillé de limiter les aliments très riches en fer tels que le boudin noir ou les

Un traitement efficace et simple basé sur des saignées

Dr Rodolphe Anty Hépatologu­e au CHU de Nice

abats. À part cela, ils peuvent consommer des légumes, même des lentilles. Le thé peut leur être bénéfique car il contient des substances qui diminuent l’absorption du fer, indique le Dr Anty. Ceux dont l’hémochroma­tose est de cause environnem­entale (obésité, excès de boissons alcoolisée­s) doivent, eux, être beaucoup plus vigilants sur l’alimentati­on. Ils doivent impérative­ment arrêter l’alcool (il abîme le foie qui joue un rôle central dans le métabolism­e du fer et peut altérer les mécanismes cellulaire­s de l’hepcidine, l’hormone de régulation du fer), observer un régime en cas d’obésité et pratiquer une activité physique pour lutter contre l’insulino-résistance. Certaines maladies dites « du foie gras » peuvent s’associer à une surcharge en fer. Le rôle d’une alimentati­on saine et la pratique d’une activité physique régulière sont donc ici importants. » Bien sûr, il ne faut pas prendre de supplément­ation en fer.« Certains, avant le diagnostic, se sentant fatigués, prennent des complément­s vitaminés qui souvent contiennen­t du fer. Cela ne va pas résoudre leur problème. Il faut donc consulter un médecin

en cas de fatigue persistant­e inexpliqué­e, préconise l’hépatologu­e niçois. Une analyse sanguine fera apparaître une carence ou une surcharge en fer. » Et si vous découvrez que vous êtes atteint d’une hémochroma­tose génétique, il faut penser au dépistage familial car vous n’êtes peut-être pas le seul concerné.

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