Var-Matin (Grand Toulon)

Opéra : Roméo et Juliette, le désamour...

L’émotion était palpable, hier, à la sortie de l’opéra après l’annulation de la représenta­tion, suite à la grève de l’Orchestre et du choeur de l’opéra

- CATHERINE PONTONE

Hier, en début d’aprèsmidi, au pied des marches de l’opéra, l’ambiance était à mille lieux de l’histoire romancée de Roméo et Juliette. C’est plutôt un désamour entre une partie des personnels artistique­s de l’opéra et de sa direction qui s’est joué sur la scène publique. Et la colère, l’indignatio­n, la déception notamment « de cette spectatric­e de Nice, venue pour la première fois à l’opéra de Toulon », dominaient chez les spectateur­s, apprenant l’annulation par la direction à l’heure de la représenta­tion de Roméo et Juliette. Conforméme­nt au préavis de grève déposé par les syndicats FO, CGT et CFDT Snapac, les choeurs et l’orchestre de l’opéra ont bien maintenu leur décision de boycotter la représenta­tion. Tracts en main, au pied des marches, « musiciens, choristes et certains personnels techniques et administra­tifs grévistes » avaient tenu à expliquer au public, déconcerté, certains venant de loin – Nice, Cavaillon, voire d’Allemagne pour ce couple d’amis hyérois –, le pourquoi de ce mouvement.

Une première grève

« La première grève en treize ans. C’est à contre coeur que nous en sommes arrivés là », insistait l’un des trente musiciens titulaires. Soit la deuxième après le premier mouvement de grève du personnel artistique au début avril. Après avoir tenté « en vain, depuis des mois, de nouer un dialogue avec la direction, sans résultat », ils ont décidé de «dire stop aux inégalités de traitement», notamment salariales. « On veut juste que les salaires des artistes soient, a minima, convention­nels et qu’il y ait le même règlement pour tous », expliquait, hier, Richard Garnier, délégué syndical CGT, aux côtés de Nathalie Gau-Marinolli, Marielle Garnier (FO) et Antonia Coste (CFDT), soutenus par l’UD CGT (lire nos précédente­s éditions). Mais d’explicatio­ns, cette infirmière en avait cure. « C’est un scandale, s’est-elle écriée. On ne prend pas les spectateur­s en otage. Je ne le fais pas avec mes patients ! Ma fille, habitant Nice, est dans le TGV pour venir voir la représenta­tion. Je suis écoeurée. Et en plus, je dois attendre 14 h 30 pour me faire rembourser. » Elle n’était pas la seule à s’offusquer de cette annulation de dernière minute, même si la direction a précisé, vendredi, dans un communiqué, qu’elle n’était pas « en mesure de garantir » la tenue de la représenta­tion. Celle-ci s’est retranchée derrière le code du travail. « Le préavis de grève débutait à 14 h 30. Si la direction avait annulé avant, cela aurait été une entrave au droit de grève », expliquait ce gréviste. Il ne restait plus qu’au public de se faire rembourser les places réservées...

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(Photo Frank Muller) À la sortie de l’opéra, les grévistes sont allés à la rencontre des spectateur­s déçus, parfois en colère, mais aussi à l’écoute.

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