Opéra : Roméo et Juliette, le désamour...
L’émotion était palpable, hier, à la sortie de l’opéra après l’annulation de la représentation, suite à la grève de l’Orchestre et du choeur de l’opéra
Hier, en début d’aprèsmidi, au pied des marches de l’opéra, l’ambiance était à mille lieux de l’histoire romancée de Roméo et Juliette. C’est plutôt un désamour entre une partie des personnels artistiques de l’opéra et de sa direction qui s’est joué sur la scène publique. Et la colère, l’indignation, la déception notamment « de cette spectatrice de Nice, venue pour la première fois à l’opéra de Toulon », dominaient chez les spectateurs, apprenant l’annulation par la direction à l’heure de la représentation de Roméo et Juliette. Conformément au préavis de grève déposé par les syndicats FO, CGT et CFDT Snapac, les choeurs et l’orchestre de l’opéra ont bien maintenu leur décision de boycotter la représentation. Tracts en main, au pied des marches, « musiciens, choristes et certains personnels techniques et administratifs grévistes » avaient tenu à expliquer au public, déconcerté, certains venant de loin – Nice, Cavaillon, voire d’Allemagne pour ce couple d’amis hyérois –, le pourquoi de ce mouvement.
Une première grève
« La première grève en treize ans. C’est à contre coeur que nous en sommes arrivés là », insistait l’un des trente musiciens titulaires. Soit la deuxième après le premier mouvement de grève du personnel artistique au début avril. Après avoir tenté « en vain, depuis des mois, de nouer un dialogue avec la direction, sans résultat », ils ont décidé de «dire stop aux inégalités de traitement», notamment salariales. « On veut juste que les salaires des artistes soient, a minima, conventionnels et qu’il y ait le même règlement pour tous », expliquait, hier, Richard Garnier, délégué syndical CGT, aux côtés de Nathalie Gau-Marinolli, Marielle Garnier (FO) et Antonia Coste (CFDT), soutenus par l’UD CGT (lire nos précédentes éditions). Mais d’explications, cette infirmière en avait cure. « C’est un scandale, s’est-elle écriée. On ne prend pas les spectateurs en otage. Je ne le fais pas avec mes patients ! Ma fille, habitant Nice, est dans le TGV pour venir voir la représentation. Je suis écoeurée. Et en plus, je dois attendre 14 h 30 pour me faire rembourser. » Elle n’était pas la seule à s’offusquer de cette annulation de dernière minute, même si la direction a précisé, vendredi, dans un communiqué, qu’elle n’était pas « en mesure de garantir » la tenue de la représentation. Celle-ci s’est retranchée derrière le code du travail. « Le préavis de grève débutait à 14 h 30. Si la direction avait annulé avant, cela aurait été une entrave au droit de grève », expliquait ce gréviste. Il ne restait plus qu’au public de se faire rembourser les places réservées...