Des drogues de plus en plus dangereuses et mortelles en Europe
Les surdoses de drogues font de plus en plus de morts en Europe, où circulent de nouvelles et nombreuses substances « dangereuses » pour la santé, s’inquiète l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (OEDT) dans son rapport annuel publié hier. « Les stupéfiants restent une menace continue, qui évolue et menace en profondeur nos sociétés », a souligné mardi le commissaire européen en charge des Affaires intérieures, Dimitris Avramopoulos, lors d’une conférence de presse de présentation de ce document à Bruxelles. « Aucun pays n’a encore trouvé la réponse miracle sur ces questions », a relevé de son côté la présidente du conseil d’administration de l’OEDT, Laura d’Arrigo. « Il est crucial de partager les expériences et les pratiques, celles qui ont réussi bien sûr, mais aussi celles qui ont eu moins de succès », a-t-elle exhorté.
Le populaire cannabis
Le cannabis reste de loin la drogue la plus populaire en Europe, devant la cocaïne, la MDMA (principe actif de l’ecstasy) – notre photo AFP – et les amphétamines (amphétamine et méthamphétamine). Deux phénomènes préoccupent plus particulièrement M. Avramopoulos : « L’augmentation, pour la troisième année consécutive, du nombre de décès par surdose » de drogue, et l’exposition croissante des jeunes « à de nombreuses drogues nouvelles et dangereuses » pour la santé, notamment les «drogues de synthèse ». Le rapport de l’OEDT, fondé sur des données collectées en 2015 et 2016, souligne l’augmentation « grave » et « préoccupante » du nombre de décès par surdose dans les 28 États de l’UE ainsi qu’en Turquie et Norvège (8 441 décès en 2015, + 6% par rapport à 2014), « principalement liés à l’héroïne et à d’autres opiacés » (dérivés de l’opium). Cette hausse de la mortalité, pour la troisième année consécutive, concerne «presque toutes les tranches d’âge » et des pays comme l’Allemagne, le Royaume-Uni, les Pays-Bas, la Suède, la Lituanie ou la Turquie. Elle frappe plus particulièrement les 1,3 million d’Européens considérés comme des «usagers problématiques d’opiacés», un groupe particulièrement « vulnérable ».
La méthadone «détournée»
L’OEDT souligne que dans des pays comme la France, le Danemark, l’Irlande ou la Croatie, les surdoses d’opiacés utilisés dans des traitements de substitution (méthadone et buprénorphine notamment) tuent plus que l’héroïne. Il appelle donc les États à s’adapter pour lutter contre « le détournement de ces substances ». Autre préoccupation de l’OEDT, les «nouvelles substances psycho-actives» (drogues ou produits de synthèse) qui «représentent toujours un défi considérable pour la santé publique en Europe», d’autant plus que ces produits se renouvellent rapidement (66 nouveautés détectées en 2016 par l’UE) et « ne sont pas assujettis aux mesures de contrôle international ». L’OEDT s’inquiète notamment des dangers des nouveaux opiacés de synthèse à forte teneur en principe actif, qui imitent les effets de l’héroïne et de la morphine, et constituent une «menace croissante pour la santé » en Europe et en Amérique du Nord. Car si ces substances restent encore minoritaires sur le marché des drogues, on les retrouve de plus en plus impliquées dans «des intoxications, mortelles ou non». Ces poudres, comprimés, gélules, voire pour certains liquides et pulvérisateurs nasaux, sont «facile à distribuer et à transporter», et donc difficiles à traquer, note l’OEDT.