Var-Matin (Grand Toulon)

Macron en passe

Avec 32 % des voix selon les dernières estimation­s, loin devant LR (21,2 %), le FN (13,9%) et le PS (10%), le parti du Président est en marche vers une majorité absolue au Palais-Bourbon

-

Le parti du président Emmanuel Macron se dirige vers une victoire écrasante aux législativ­es après le premier tour hier, marqué par une débâcle historique du PS, un net revers pour la droite et le FN et une abstention record, un électeur sur deux ayant boudé les urnes (50,2 %). Le taux le plus élevé depuis 1958. Selon les premières estimation­s par sièges des sondeurs, le mouvement présidenti­el, La République en marche ! (REM), et son allié du MoDem raviraient, au second tour dimanche, entre 390 et 445 des 577 sièges de l’Assemblée nationale, culminant très nettement audessus de la majorité absolue (289 élus). Sollicité, hier soir, par l’Agence France Presse, l’Elysée n’entend « pas faire de commentair­e sur la soirée électorale ». Le Premier ministre Edouard Philippe a, pour sa part, estimé que les Français avaient confirmé leur « attachemen­t dans le projet de renouvelle­ment, de rassemblem­ent et de conquête » de M. Macron. « Rien n’est joué, il faut rester mobilisé », a cependant tempéré le porte-parole du gouverneme­nt Christophe Castaner.

Effondreme­nt du PS

Le Parti socialiste, qui contrôlait la moitié de l’Assemblée sortante, s’effondrera­it autour de 15 à 40 sièges, soit encore moins que les 57 de la débâcle de 1993. C’est un « recul sans précédent de la gauche », a reconnu son Premier secrétaire Jean-Christophe Cambadélis, qui a mis en garde contre le risque de « l’unanimisme » au Parlement. La droite, qui espérait priver le nouveau président Macron de majorité, terminerai­t avec 80 à 132 élus LR et UDI. Dont une partie devrait soutenir la majorité présidenti­elle. Un score « décevant pour notre famille politique », a convenu l’ancien président de l’Assemblée Bernard Accoyer. Chef de la campagne LR-UDI, François Baroin a appelé à la mobilisati­on pour éviter des « pouvoirs concentrés » dans « un seul et même parti ».

Le FN en net repli

Quant au Front national, un mois après son score record au second tour de la présidenti­elle, il obtiendrai­t seulement 1 à 10 sièges, contre 2 lors de la précédente législatur­e. Avec un score de 13 à 14% très éloigné du score de Marine Le Pen au premier tour de la présidenti­elle (21,30 %). C’est « une déception », a reconnu son vice-président Florian Philippot : la barre des quinze députés pour former un groupe avait longtemps constitué un objectif minimal. Mme Le Pen, arrivée « largement en tête » dans le Pas-de-Calais, a elle centré sa riposte sur le « taux d’abstention catastroph­ique » qui « pose la question du mode de scrutin » majoritair­e. [lire en page suivante] La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon, obtiendrai­t, elle, 10 à 23 fauteuils, PCF inclus. Mai s«ladivision des forces de gauche se paie très cher », a regretté le dirigeant communiste Pierre Laurent, critiquant le refus d’alliance de M. Mélenchon, qui avait réuni plus de 19 % des voix au premier tour de la présidenti­elle. « L’immensité de l’abstention montre qu’il n’y a pas de majorité pour détruire le Code du travail », a jugé M. Mélenchon qui, contrairem­ent à la présidenti­elle, a immédiatem­ent appelé ses électeurs à «nejamais permettre l’élection d’un candidat Front national ». Pour la première fois de l’histoire de la Ve République, l’abstention aux législativ­es dépasserai­t la barre des 50 % au premier tour. Au terme d’une campagne atone qui a vu la REM creuser nettement l’écart sur ses rivaux, l’abstention pulvérise le précédent record pour un premier tour, qui remontait à 2012 (42,8%, puis 44,6% au second tour). En voix, la REM arrivait, à 22 h, nettement en tête (32 %), devant LR-UDI (21,2 %) et le FN (13,9 %). Le PS et son allié PRG obtiendrai­ent10 % et sont légèrement devancés en voix par La France insoumise (10,9 %) de Jean-Luc Mélenchon. Interrogé hier soir, Alain Juppé, maire de Bordeaux LR, a parlé d’une « vague » qu’il conviendra­it de relativise­r, vu la faiblesse de la participat­ion. «On a déjà vu un ressac au second tour », veut croire l’ancien Premier ministre...

Renouvelle­ment historique en vue

Le parti macroniste est en passe d’obtenir une des plus larges majorités de la Ve République, sans effacer le record de l’UDF-RPR en 1993 (484 sièges). En revanche, il peut espérer battre le record de sièges pour un seul parti, détenu par l’UMP en 2002 (365 sièges). L’Assemblée nationale sera profondéme­nt renouvelée à l’issue du second tour dimanche : quelque 224 députés sortants ne se représenta­ient pas. Fort de cette probable solide majorité à l’Assemblée, Emmanuel Macron aura les mains libres pour appliquer son programme. Dans les prochaines semaines, le Parlement devra examiner la prorogatio­n de l’état d’urgence jusqu’au 1er novembre, ainsi que le projet de loi sur la moralisati­on de la vie publique et les ordonnance­s de la réforme du droit du travail par ordonnance­s, le premier grand chantier économique et social du quinquenna­t.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France