Le renouvellement est bien là !
Par
MICHÈLE COTTA
Pari plus que réussi pour le Président de la République : les candidats de La République en Marche ! – pour moitié venus de la société civile, souvent inconnus des électeurs –, sont largement en tête du premier tour d’hier. Les six ministres qui avaient choisi de solliciter à nouveau les suffrages des électeurs, y compris Richard Ferrand, sont en bonne position pour l’emporter au second tour. Le renouvellement annoncé est bien là. Le « dégagisme » a fait le reste. Les Républicains, le Front national et surtout les socialistes sont lourdement pénalisés. Seule émerge la France insoumise de Jean-Luc Mélenchon, en tête à Marseille. Son parti est le seul à pouvoir se prévaloir d’un progrès par rapport à . Quant à Marine Le Pen, elle domine nettement le combat dans sa circonscription du Nord, mais le FN n’en tire pas parti sur le plan national. Et si le second tour conforte le premier, – ce qui n’est jamais sûr – Emmanuel Macron et son Premier ministre sont assurés d’une majorité plus que confortable, dont on ne pouvait pas, hier soir, préciser les contours exacts, mais qui pourrait être écrasante,
entre et sièges. Ce que l’on a pu mesurer, en revanche, tout au long de la journée d’hier, c’est le fort niveau d’abstention. Moins de % des Français se sont déplacés dimanche. C’est un record sous la Ve République. Même si l’on assiste, depuis plusieurs années, à un déclin progressif du nombre des électeurs, le chiffre d’aujourd’hui est préoccupant, tant il révèle chez les Français d’indifférence à la consultation législative, et de manque d’enthousiasme. Les raisons de cette faible participation sont, évidemment, multiples. La lassitude, d’abord, après une année politique chargée : depuis la primaire de la droite et du centre en novembre dernier, en passant par celle de la gauche en janvier jusqu’à la présidentielle de mai, les Français n’ont cessé de voter. La campagne législative elle-même, ensuite, marquée par la déconfiture des partis dits de gouvernement, PS et LR, qui n’ont pas su exactement quelle stratégie adopter face à un gouvernement composé de personnalités venues de la droite, derrière le Premier ministre Edouard Philippe, de la gauche et du centre. L’essentiel n’est peut-être pas là : certains des votants d’hier ont sans doute l’impression qu’après avoir porté Emmanuel Macron à l’Elysée il y a à peine plus d’un mois, ils ont fait l’essentiel du travail. Quant à ceux qui n’avaient pas voté pour lui en mai dernier, ils ont jugé qu’il leur était inutile de se déplacer dimanche, les jeux leur paraissant faits, et trop bien faits, pour les candidats de la République en marche ! C’est un enseignement inéluctable : l’élection présidentielle est la bataille politique essentielle. Les élections législatives, qui ont lieu quelques jours après seulement, n’en sont qu’un pâle reflet. Reste que le chiffre obtenu sur le plan national par La République en marche !, de plus de dix points supérieur à celui des Républicains, donne à ses candidats un avantage majeur pour le deuxième tour. C’est que seuls resteront en piste ceux d’entre eux qui ont atteint dans leur circonscription, vu le chiffre de la participation, % des suffrages. Peu de triangulaires à attendre donc, un maximum de duels où La République en marche ! sera opposé à LR ou au Front national.
« Les Républicains, le Front national et surtout les socialistes sont lourdement pénalisés. »