Var-Matin (Grand Toulon)

On a testé la visite à vélo d’Hyères à la Belle Époque

Les quartiers Châteaubri­and et Godillot sont typiques de l’essor de la ville à la fin du XIXe siècle. L’office de tourisme propose de les parcourir juché sur sa bicyclette, le nez au vent, avec un guide

- SYLVAIN MOUHOT

Rendez-vous à 9h45 devant l’office de tourisme, rotonde du Park-Hôtel. Ce jour-là, des vélos sont mis exceptionn­ellement à dispositio­n mais, qu’on se le dise, les futurs candidats à la balade cycliste devront venir avec leur monture. Ceci, afin que chacun soit responsabl­e de son vélo. Avis à Adrien, journalist­e à L’Express, coupable d’un fâcheux dérailleme­nt dans l’ascension du boulevard d’Orient... Virginie Beneat, guide conférenci­ère de l’office de tourisme, mène le peloton. Le mollet alerte, elle a déjà animé des visites guidées à vélo en Bretagne et à La Grande-Motte. « Cette visite existait déjà, mais il était fastidieux de rallier à pied les quartiers Châteaubri­and et Godillot, typiques de la Belle Époque. Avec Menton et Nice, Hyères est l’une des rares villes de la côte à bénéficier de ce patrimoine exceptionn­el ». Le séjour de la reine Victoria au GrandHôtel d’Albion (Costebelle) en 1892, a joué un rôle majeur dans l’attrait d’Hyères en tant que ville climatique (tourisme d’hiver). Seule capable de rivaliser avec Madère, la destinatio­n Hyères est même prescrite par des médecins pour la douceur de son climat. À la fin du XIXe siècle, la commune compte déjà 10 000 habitants alors que, cent ans plus tôt, ils n’étaient que 5 000 à se serrer à l’intérieur des remparts.

La grande et les petites histoires

Puisqu’on sait le tourisme culturel de plus en plus en vogue, voilà le genre d’informatio­ns que l’on apprend au contact de Virginie Beneat. Une somme d’anecdotes, trop nombreuses pour être retranscri­tes ici, la grande et les petites histoires (les beaux mariages d’Alphonse Denis qui n’ont fait qu’accroître sa fortune, par exemple, ou encore l’interdicti­on faite aux charrues des paysans de parcourir le nouveau quartier Godillot). Le groupe de cyclistes s’attarde dans l’orangeraie du Park-Hôtel qui a compté jusqu’à 18000 arbres pour approvisio­nner en agrumes la cour de Louis XIV à Versailles. Deux coups de pédales plus loin, pause au jardin d’Orient, ancienne propriété d’Alphonse Denis, le premier maire (1830-1848) à avoir introduit les palmiers à Hyères. Lamartine y a planté un cèdre, qui n’a hélas pas survécu au passage du siècle. En grimpant le boulevard d’Orient, arrêt devant la villa Tholozan dont George Sand regrettait le manque d’ombrages ; la villa Henri-Joseph ; la somptueuse villa la Romaine de M. Joerimann, ancien propriétai­re de l’hôtel les Roches au Lavandou, qui a vu passer le vicomte de Noailles, Christian Dior, Jack Lang ou Karl Lagerfeld. Avant de redescendr­e, détour vers l’hôtel Chateaubri­and (ancienneme­nt Britannic hotel) qui hébergea Rudyard Kipling en 1930. En centre-ville – et toujours à vélo –, on s’arrête devant le palais Lutetia et sous le kiosque de la place Gabriel-Péri. C’est le début de la visite dans le quartier Godillot.

Godillot, Chapoulart, façonneurs d’Hyères

L’industriel Alexis Godillot, ébloui par tant de beauté, racheta de nombreuses terres cultivées le long de la route de Toulon, à partir de 1870. Son architecte en chef, Pierre Chapoulart, y réalisa quelques-unes des plus belles demeures de la ville : la tour Jeanne, la villa Michel et la villa Saint-Hubert (demeure de Godillot), la villa mauresque, la villa tunisienne, l’église anglicane consacrée en 1882. On s’arrête aussi devant le Grand Hôtel des Îles d’Or, racheté par Godillot en 1860, qui fit le bonheur de grands de ce monde, hommes politiques, poètes et écrivains tels George Sand ou Alexandre Dumas. Dans la rue Victor-Hugo, on descend encore de selle pour admirer le manège Godillot, temple du cheval, devenu usine à casseroles durant la guerre et arrière-magasin des Dames de France. Aujourd’hui restauré et transformé en appartemen­ts cossus. Plus de deux heures sont passées en une seconde. On a bien roulé, mais on s’est surtout empli l’esprit des trésors du patrimoine moderne d’Hyères. À ne pas manquer.

La Belle Époque à bicyclette. Durée 2 h. Tarif : 9 €/personne (tarif unique, à partir de 12 ans). Vélo non fourni. Liste de loueurs à l’office de tourisme et sur www.hyerestour­isme.com.Réservatio­n :04.94.01.84.50. Prochaines visites les 16, 23 et 30 juin, également les 8 et 22 septembre.

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(Photos Luc Boutria) La guide Virginie Beneat devant la villa Henri-Joseph, quartier Châteaubri­ant.
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Devant le palais Lutetia, dans l’avenue des Îles d’Or.
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Architectu­re du XXIe siècle, avenue des Îles d’Or.
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On s’attarde devant les belles villas, bd d’Orient.

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