Var-Matin (Grand Toulon)

Lille : “Les Vieilles Canailles” à l’épreuve de la maladie

Johnny Hallyday a tenu bon, samedi soir, au stade Pierre-Mauroy. Visiblemen­t très affaibli, il a donné le coup d’envoi de la tournée d’été avec ses deux compères, Eddy Mitchell et Jacques Dutronc

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e suis content d’être avec vous ce soir » : Johnny Hallyday, qui lutte depuis plusieurs mois contre un cancer, a souffert, mais s’est battu pour réussir son retour sur scène, samedi soir, à Villeneuve d’Ascq (Nord), avec ses « Vieilles Canailles », Jacques Dutronc et Eddy Mitchell. Elle était attendue cette première date de la tournée qui mènera le trio jusqu’à Carcassonn­e le 5 juillet, dernier des dix-sept concerts prévus pour cette reformatio­n. Les trois septuagéna­ires ont fait leur entrée sur la scène du stade Pierre-Mauroy à 21 h 05 sous les applaudiss­ements. Plus nourris pour Johnny. Nouvelle ovation lorsque ce dernier a attaqué le troisième couplet des Play-boys. La voix est sûre, le regard perçant. Le plaisir d’être là, sous les yeux amusés de ses copains et de sa femme Laeticia dans les gradins, est manifestem­ent grand. Mais la santé de « l’idole des jeunes » est dans toutes les têtes depuis qu’il a annoncé en mars qu’il se soignait pour un cancer. Face au public lillois, qui lui « a toujours porté bonheur », il enchaîne par Noir c’est noir. Et, souriant, il ne manque pas d’ironie, Johnny, tout habillé de noir, costume, chemise, cravate, à narguer par le chant le sort qui le frappe depuis plusieurs mois. Car rien samedi soir ne l’empêche de faire ce qu’il aime le plus au monde: se produire en public. Qu’importe s’il lit un prompteur – comme ses deux camarades –, qu’importe s’il doit s’asseoir sur une chaise haute pour entonner Les Cactus. L’épreuve semble pourtant très difficile sur ce titre chanté en duo avec Eddy. Johnny transpire, il puise, souffle, rate un couplet. L’inquiétude frémit de toutes parts dans le public. A la fin de cette chanson, il part une première fois en coulisses, pendant qu’Eddy va au bar et que Jacques chante seul L’Opportunis­te. Mais Johnny revient vite chanter son Tennessee. Il commence « On a tous... » et le public reprend «... quelque chose en nous de Tennessee ». Aidé, soutenu, aimé, il sourit, va mieux. Il est de nouveau en haut des montagnes russes. Battant, il retrouve de la verve sur Joue pas de rock’n’roll en duo avec Eddy qu’il gratifie d’une bise à la fin. Après Be bop a lula, Johnny repart une deuxième fois en coulisses. Bientôt ses deux chansons en solo approchent : Gabrielle et Le Pénitencie­r. « Qu’est-ce que je suis heureux d’être ici ce soir. Vous êtes un public formidable », lance-t-il alors que les spectateur­s affluent vers la scène pour immortalis­er l’instant avec leurs smartphone­s, sous la surveillan­ce sereine des agents de sécurité. Le déroulemen­t du concert est millimétré. Les tubes s’enchaînent: «Vieille Canaille», «Pas de boogie woogie»... Johnny est toujours là. Il s’appuie sur son micro, se rassoit, mais sa voix tient le coup. Il va gagner cette bataille lilloise. Johnny, qui entrevoit ce retour sur scène comme une thérapie par la musique, assure avec ses deux compères les deux rappels. Et, rock’n’roll dans l’âme, il conclut la soirée en ayant troqué la cravate et la veste pour le blouson en cuir, sur «Toute la musique que j’aime». Pouce levé, sourire vainqueur, Johnny peut s’en aller pendant que l’orchestre achève le travail. Le repos est mérité, dans moins de vingt-quatre heures, il sera sur scène à Bruxelles.

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