Urgente ou dangereuse ?
Ce mois-ci, le mensuel économique Alternatives économiques (1) s’attelle à un sujet épineux, celui de la réforme du Code du travail voulue par le tout nouveau président de la République. « Pour lutter contre le chômage, Emmanuel Macron veut déréguler davantage le marché du travail. L’exercice,
expérimenté depuis trente ans en France, est pourtant resté inefficace », écrit en préambule la journaliste Sandrine Foulon. Après avoir porté un diagnostic montrant que « le manque de flexibilité n’est pas la cause principale » du chômage de masse, la revue économique rappelle que, malgré la durée de travail fixée à 35 h par semaine, nous sommes tout de même « les plus productifs » parmi les pays développés, cette productivité au travail représentant « la quantité de richesses produite chaque année par chacun de
ceux qui occupent un emploi » alors que notre taux de chômage est élevé. La parole est ensuite donnée à deux experts qui s’interrogent : « La réforme du travail est-elle urgente ou dangereuse ? ». Pour Gilbert Cette, professeur d’économie associé à l’université d’Aix-Marseille, un assouplissement du Code du travail sera positif pour l’emploi, notamment par « une inversion de la hiérarchie des normes » dans l’entreprise. Un avis que ne partage pas du tout Anne Eydoux, économiste, maîtresse de conférence au Cnam, pour qui il ne faut rien attendre de ces réformes, soulignant d’emblée que « l’assouplissement du Code du travail ne crée pas d’emploi ». Négociations d’entreprise, indemnités prud’homales, assurance chômage, à la lecture de ce numéro d’Alternatives économiques vous comprendrez les raisons de ces divergences si profondes sur l’intérêt de réformer le Code du travail. Divergences qui pourraient, si elles n’étaient pas surmontées, déboucher sur un troisième tour social...