Var-Matin (Grand Toulon)

Fabrice Midal, l’homme qui se «fout la paix»

Écrivain depuis vingt ans, l’auteur était, hier, en conférence à la librairie Charlemagn­e pour évoquer son livre Foutez-vous la paix et commencez à vivre. Entretien avec cet expert de la méditation

- PROPOS RECUEILLIS PAR MARINE NOUVEN

La librairie Charlemagn­e a accueilli hier soir Fabrice Midal. L’auteur, né à Paris en 1967, est aussi le fondateur de l’École occidental­e de méditation.

Constatez-vous un intérêt croissant pour la méditation au fil des années ? Oui, je suis extrêmemen­t frappé de voir comment la méditation intègre différents milieux aujourd’hui, comme les écoles, les hôpitaux, aussi bien pour les patients que les soignants, ou encore les entreprise­s. C’est un phénomène important. Je pense qu’il prend de l’ampleur car il devient plus accessible. Les personnes commencent à comprendre que c’est beaucoup plus simple que l’on croyait de méditer et de bénéficier du changement que cela peut entraîner.

Pouvez-vous nous parler de votre livre en quelques mots ? L’enjeu de Foutez-vous la paix est de ne plus subir la pression au quotidien. Nous sommes des êtres humains. Une petite anecdote : quand j’étais petit, je participai­s à un concours de châteaux de sable. J’avais vu dans un livre comment étaient les châteaux. J’avais fait ma tour. Au bout d’une heure, le concours était fini et je n’avais fait que ça. Je me retourne et personne n’avait fait de châteaux. Ils avaient tous fait quelque chose de différent. C’est ma soeur qui a gagné le premier prix avec une coccinelle en sable. C’est ça « se foutre la paix » : c’est de ne pas forcément suivre à la lettre les consignes, mais avoir confiance en soi, en ses intuitions. En quoi les méthodes de méditation présentées dans votre livre sont-elles uniques ? Je crois que la force de Foutezvous la paix est qu’il n’y a pas de méthode pour essayer de s’améliorer ou pour tenter de gérer ceci ou cela. Cette absence de méthode est importante. C’est s’autoriser à retrouver en soi des choses que l’on a oubliées, des sensations, des intuitions et de la créativité. Il y a plein de choses en soi qui ressurgiss­ent si on se fout la paix. Aujourd’hui, dès qu’il y a une méthode, on n’a peur de ne pas réussir à l’appliquer. Cela nous crée une pression de plus.

Pourquoi la société a-t-elle besoin de se rapprocher de cet univers ? Quand on observe la société, les gens souffrent de burn-out, de stress, de tensions, de difficulté­s à dormir. Il faut répondre à ces problèmes. Pour cela, il faut trouver un moyen de se foutre la paix. Si je suis en colère, me foutre la paix, c’est accepter que je suis en colère. Être zen, c’est ne jamais se mettre en colère pour être tout le temps détaché de tout. Ça me semble complément irréaliste et inhumain. Je ne vois pas qui pourrait être dans cet état-là. Avez-vous un conseil à adresser aux Toulonnais? L’enjeu, ce n’est pas forcément de se détendre. Il faut juste s’écouter, écouter ce qu’il se passe en nous et quels sont nos besoins. Aujourd’hui, dans notre société, on n’a pas le droit de s’écouter. Il faut toujours faire pour les autres, être plus efficace, plus performant et bien faire.

 ?? (Photo Frank Muller) ?? Fondateur de l’École occidental­e de méditation, Fabrice Midal a invité les spectateur­s et lecteurs de son ouvrage à se « foutre la paix ».
(Photo Frank Muller) Fondateur de l’École occidental­e de méditation, Fabrice Midal a invité les spectateur­s et lecteurs de son ouvrage à se « foutre la paix ».

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