Geneviève Levy, une fin de campagne ordinaire
La députée sortante, en ballotage défavorable, sillonne, pas à pas, le terrain de la 1re circonscription en vue d’une mobilisation massive de son électorat traditionnel
Rossi, Rossi…» Il était écrit que la cinquième campagne législative de Geneviève (1) Levy serait semée d’embûches. «Je ne trouve pas le nom, je vais devoir changer de lunettes…», sourit la députée sur le seuil des vingt-deux étages de la Tour d’ivoire. La première adjointe est sur ses terres au Mourillon, à deux pas du Port-Marchand, l’endroit choisi pour ses ultimes rencontres citoyennes en porte-à-porte. «Elle m’a appelé pour relayer un problème, alors je suis venue. » À peine descendue de sa Fiat 500, la candidate Les Républicains, accompagnée de son remplaçant Christophe Moreno, avait croisé l’un de ses colleurs d’affiche. Magie du direct ou pause orchestrée? «Eh bien, en voilà un qui semble bien rodé », lancet-elle au conseiller municipal Stanislas Ledu, face au panneau de l’école Saint-Saëns.
« Je revendique l’expérience »
Prise dans la tempête Macron au premier tour, Geneviève Levy, en ballottage défavorable dans la 1re circonscription, est sur la sellette. Elle le sait. Mais ne cède pas à la panique. Pour résister, l’experte foncier et commercial de 69 ans campe sur ses acquis, sans bouleverser le planning. « Je siège au conseil communautaire et poursuis mes dossiers, je revendique mon expérience…, poursuit-elle avec sa voix de velours. Il reste trois jours pour mobiliser, ce n’est pas facile car on a toujours peur de déranger les gens, soit c’est trop tôt soit c’est trop tard avec les enfants… » Sur le passage de « sa » députée, Françoise a ouvert sa porte en grand. Et fulmine. « L’autre (Élisabeth Chantrieux, candidate de La République en marche, Ndlr) ,on ne la connaît même pas… » Geneviève Levy acquiesce. Dans la dernière ligne droite, l’emblème du clan Falco assoit, face à nos objectifs, l’image d’un roc. S’estime comme un refuge contre les moulins à vent des nouveaux Don Quichotte des affaires publiques. « Mon discours est simple: au niveau national, il est normal de donner une majorité au président, ça ne se discute pas. Mais il faut aussi de l’opposition, sinon la démocratie en prend un coup… »
Mobilisation générale. Hier soir, Hubert Falco a mouillé la chemise dans une maison de la Méditerranée pleine à craquer. Durant près de quarante-cinq minutes, Geneviève Levy a acquiescé au discours combatif du sénateur-maire, entouré d’élus et maires de l’agglomération. « Macron a déjà sa majorité. Pour ce deuxième tour, parlons de Toulon ! » Standing ovation. « Vous me connaissez, je suis fidèle », concluait la candidate portée en triomphe. « Il nous reste trois jours. Mes chers amis, au travail ! »
Elle refuse un débat
La candidate le martèle : avec elle, on sait où on va. Nul besoin de soulever les foules d’un marché – «Aujourd’hui, le tractage embête tout le monde» –, ni d’entrer dans la mêlée d’un débat d’entre-deux-tours qu’elle a refusé. «Je veux renouveler un quatrième mandat, j’assume. Sur le plan local je parle avec tout le monde, je peux discuter avec Luc Léandri (La France insoumise), dont les convictions n’ont jamais varié, j’ai le plus grand respect pour lui et je sais que c’est réciproque. Le dialogue est plus difficile avec les gens qui varient en fonction des opportunités, qui soutenaient M. Hamon il y a trois mois (le socialiste Valentin Giès, remplaçant d’Élisabeth Chantrieux, Ndlr) et courent aujourd’hui vers l’étiquette Macron… » Quelqu’un sonne à la porte de Françoise. C’est Angèle, gérante de la meilleure «pizzeria de la ville» sur le cours Lafayette, qui vient donner des nouvelles. «Je l’ai vu passer, faire le show devant les caméras… », souffle la partisane, qui vient de croiser la candidate d’En Marche ! Dans cette ambiance feutrée, une petite heure a suffi à faire le tour de la question. La stratégie est toute tracée. «Le taux d’abstention (54,72 %) me navre parce que quelque part, ça veut dire que les gens se désintéressent de la politique, conclut-elle. On a aussi notre part de responsabilité. Certains m’ont dit: “Madame Levy, on pensait que vous alliez passer, alors on n’est pas allé voter.” Mais non: pour atteindre les 50 % aujourd’hui, on se bat!» 1. Geneviève Levy, élue députée pour la première fois en 2002, s’était présentée en 1997 comme suppléante de Philippe Goetz. Elle a été battue au second tour.