Var-Matin (Grand Toulon)

« Chevelu » cristallis­e les peurs dans le centre ancien

- EMERIC CHARPENTIE­R

Le maire Richard Strambio a insisté pour qu’ils restent incognito. Déjà bien beau qu’ils aient le courage de témoigner et de « monter au créneau » lundi dernier, quand trop d’habitants du centre ancien, par peur de représaill­es, préfèrent taire ce qui se passe sous leurs fenêtres... Eux, ce sont trois habitants du coeur historique qui ont souhaité rencontrer les élus et le chef

(1) de la police municipale Alain Montanelli pour exprimer un climat plus anxiogène que jamais depuis l’acte barbare dont a été victime le chat « Chevelu » dans la nuit du 30 au 31 mai. Le constat n’est pas nouveau mais il est vrai que le calvaire dont a été victime ce pauvre félin, torturé à mort, cristallis­e aujourd’hui un fort sentiment d’insécurité et de non-droit.

Un travail de renseignem­ents

Dans ce climat d’exaspérati­on, le dialogue a été franc et direct, pendant près de trois-quarts d’heure, et même si l’adjoint à la sécurité Jean-Yves Fort a reconnu manquer d’armes pour éradiquer le fléau porté par une bande de délinquant­s, il a donné plusieurs recommanda­tions. «Il est frustrant de vous écouter mais plus encore d’entendre le commissair­e nous dire qu’il n’y a pas de plainte. Juste un appel téléphoniq­ue pour leur dire de venir» ,a regretté l’élu. « Vous devez tous adopter un état d’esprit de vigilance. Quand vous êtes témoins d’actes d’incivilité ou de violence, il faut bien sûr appeler les services de police mais aussi porter plainte ou déposer une main courante. À vous aussi d’accomplir un travail de renseignem­ents, de tout consigner, de faire des photos sans prendre de risques. Nous, on fera le tri et on interviend­ra, on montera des opérations avec des renforts s’il le faut pour boucler et ratisser tout le quartier. Mais de votre côté, n’intervenez jamais seuls. » D’espérer aussi que dans ce contexte, les habitants lancent et participen­t à un dispositif de «Voisins vigilants ». « Le problème, rétorquait une habitante, c’est qu’il y a de moins en moins de propriétai­res dans le centre ancien et qu’à la place, on récupère des cas sociaux. » En écho, Richard Strambio faisait part de sa plus grande fermeté : « Nous entendons bien trouver des remèdes. Tous les responsabl­es d’actes d’incivilité, majeurs ou mineurs, seront poursuivis et expulsés par les bailleurs sociaux d’ici le 31 octobre ! Je peux vous assurer que des actions vont être mises en place par convergenc­e entre la police municipale et nationale. »

« Des patrouille­s ça rassure»

Une présence policière que les riverains souhaitent une fois encore plus étendue car «des patrouille­s, ça rassure les gens. Et s’ils sont rassurés, ils parleront davantage. » Et de citer, entre autres exemples, le cas de cette vieille dame qui ne sort plus de chez elle et ferme ses volets à 17 h, avant l’arrivée de jeunes qui viennent fumer des « joints » sur son balcon... Triste image de vie quotidienn­e dans un centre ancien où il est nécessaire et surtout urgent de « regagner l’espace public »...

1. Le maire avait à ses côtés son adjoint à la sécurité Jean-Yves Fort et Grégory Loew, conseiller municipal chargé de la vie des quartiers et de la politique de la Ville.

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(Photo E. C.) Les élus et le chef de la police municipale Alain Montanelli ont longuement échangé avec trois habitants du centre ancien.

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