Var-Matin (Grand Toulon)

Les séquelles réelles d’une vieille erreur médicale

Malgré la présence d’un corps étranger dans un sein, attesté par plusieurs expertises, la Varoise Louisa Zaaboub n’obtient pas l’indemnisat­ion de la justice. Qui lui demande d’abord de le faire retirer

- SONIA BONNIN sbonnin@varmatin.com

L’ interventi­on serait mineure et ne serait pas de nature à mettre en jeu le pronostic vital. » En une phrase, le tribunal de grande instance de Toulon a renvoyé Louisa Zaaboub aux mains des chirurgien­s. En refusant de prime abord ses demandes d’expertise et de provision. Cela fait des années, et même des décennies, que cette femme, qui vit actuelleme­nt à SollièsPon­t, revient devant les tribunaux, pour les séquelles toujours réelles d’une très vieille erreur médicale. Qui lui a gâché la vie. Elle avait 16 ans au début. Elle en a 52 aujourd’hui.

Origine « indétermin­ée »

Sur ce volumineux dossier, le dernier jugement en date est celui du tribunal de grande instance de Toulon (TGI), saisi en référé. Louisa Zaaboub avait demandé « une expertise médicale du fait de la présence en son sein droit d’un ou plusieurs corps métallique­s ». Si Louisa Zaaboub a déjà obtenu une indemnisat­ion de ses préjudices, il y a 22 ans (« d’une partie, seulement, cela ne s’est jamais terminé », nuance l’intéressée), la justice n’a jamais reconnu la présence d’un corps étranger dans son sein droit – en plus des conséquenc­es désastreus­es de deux opérations, remontant à 1982 et 1987. Le 9 mai dernier, le tribunal a écrit sur ce corps étranger, que « les éléments médicaux ne permettent pas d’en déterminer ni la nature, ni l’origine, et de retenir une faute imputable aux interventi­ons du Dr Zucca ». Celui-là même qui l’avait opérée et qui avait été condamné dans les années quatre-vingtdix, pour ces interventi­ons chirurgica­les désastreus­es et délétères.

« Acharnemen­t »

Trente-cinq ans plus tard, le tribunal demande donc à Louisa Zaaboub de « faire procéder à l’exérèse chirurgica­le de la tuméfactio­n », afin « de connaître la nature réelle du corps étranger et la présence éventuelle d’une bactérie pathogène ». Traduisez : faites retirer ce corps étranger d’abord, et on pourra se prononcer. Ensuite. Cette perspectiv­e provoque presque la panique chez Louis Zaaboub. « Pour moi, c’est un acharnemen­t thérapeuti­que », clame-t-elle, anxieuse. Les deux biopsies récentes qu’elle a subies l’ont particuliè­rement marquée. Alors, Louisa Zaaboub continue son combat, avec ses moyens dérisoires. Pour son appel devant la cour d’Aix-en-Provence, la Varoise veut produire – de nouveau – les comptes rendus médicaux, qui décrivent ici « un corps étranger métallique (8 mm)» (en décembre 2012), là « deux images linéaires, évoquant des corps étrangers métallique­s (aiguilles ?) » (en juin 2016). L’issue viendra-telle d’un nouveau passage sur la table d’opération ? « J’ai été mutilée, j’ai souffert, j’ai été massacrée, j’en ai assez. Je veux sortir vivante. »

 ?? (Photo Valérie Le Parc) ?? C’est à l’âge de  ans que Louisa Zaaboub a subi l’opération désastreus­e et délétère qui allait bouleverse­r sa vie – « me voler ma vie. » Tout cela pour une soi-disant hypertroph­ie mammaire.
(Photo Valérie Le Parc) C’est à l’âge de  ans que Louisa Zaaboub a subi l’opération désastreus­e et délétère qui allait bouleverse­r sa vie – « me voler ma vie. » Tout cela pour une soi-disant hypertroph­ie mammaire.

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