Nice : la justice frappe les mareyeurs au portefeuille GRÉGORY LECLERC gleclerc@nicematin.fr
Le jugement a été rendu hier après-midi dans le procès de la société des Mareyeurs du Sud-Est. Alors que des réquisitions très lourdes avaient été prises par le procureur de la République, avec mandat de dépôt, le tribunal correctionnel de Nice, présidé par David Hill, a opté pour des sanctions financières d’un montant astronomique.
mois ferme pour la fille du fondateur
Le p-d.g., Jean-Marc Le Pape, a été condamné à quatre ans dont deux ans ferme (sous bracelet électronique) et à une amende de 400 000 €. Le directeur général de la société, Pascal Blanc, petitfils du fondateur, a écopé de la même peine, et d’une amende de 300 000 €. Tous deux se sont vus signifier une interdiction définitive de gérer une entreprise. Pascal Blanc était arrivé avec le sac sur l’épaule. Au cas où. Cinq ans de prison ferme, avec mandat de dépôt, avaient en effet été requis. Il risquait, avec Jean-Marc Le Pape, de se voir passer les menottes à la barre. Pas de prison donc, mais le tribunal a violemment frappé au portefeuille. JeanMarc Le Pape et son fils Steven (condamné à quinze mois avec sursis et interdiction de gérer de trois ans), vont devoir, outre les sommes déjà citées, payer solidairement une amende de 1,8 M€. Jean-Marc Le Pape, encore lui, et Pascal Blanc, ont par ailleurs été condamnés à payer solidairement une amende de 1 M€ pour détournement. Murielle Leroy, la fille du fondateur Georges Leroy, a été condamnée à dix mois de prison ferme (sous bracelet électronique), à 10 000 € d’amende, ainsi qu’à la confiscation des 113 000 € trouvés chez elle lors de perquisitions, et une interdiction de gérer de cinq ans.
« Une décision équilibrée »
L’ensemble des autres prévenus, parmi lesquels des chefs de cuisine, des poissonniers, des restaurateurs ou des chefs de rayon de supermarchés ont été condamnés à des peines d’amende (de 800 à 36 000 €) et jusqu’à 9 mois avec sursis.
« C’est une décision qui se veut équilibrée, a commenté à la sortie Me Philippe Soussi, avocat de Jean-Marc Le Pape. Parce qu’elle est équilibrée, elle est exemplaire. Cette décision préserve les intérêts de la société, et celle des parties civiles par le biais des dommages et intérêts. Mais elle préserve aussi la vie des prévenus. M. Le Pape va immédiatement exécuter sa peine sous la forme d’un bracelet électronique. Il me paraissait capital que cet homme de 62 ans, qui doit travailler pour payer les conséquences financières de ses infractions, puisse continuer à être dans une vie normale. » Me Gérard Baudoux, avocat de Pascal Blanc, a évoqué son « soulagement » par rapport à des réquisitions « excessives ».
Et d’estimer que le mandat de dépôt, qui avait été demandé par le procureur de la République, était « d’une inutilité totale ». « La condamnation est lourde, mais en net retrait par rapport aux réquisitions. Le tribunal nous a manifestement entendus, suivis. Il fallait taper au portefeuille plutôt que de sanctionner de manière disproportionnée. C’est ce qui a été fait. »