Var-Matin (Grand Toulon)

La veg’attitude, pas si bête avec Stéphanie Valentin

Afin de donner corps à son engagement pour la protection animale et sensibilis­er le jeune public, Stéphanie Valentin se lance dans la création de livres d’histoires. Pouiki est le premier né

- K. M. kmichel@nicematin.fr

Engagée dans la protection animale, Stéphanie Valentin n’a rien d’une pasionaria de la cause animale. C’est même tout le contraire : une femme engagée, une mère et épouse responsabl­e, qui a choisi la voie de l’éveil éducatif pour faire comprendre, sinon son combat, du moins celui de la cause animale. Dans ce monde 2.0, les vidéos de l’associatio­n L214 ont permis de lever le voile sur les conditions de vie, d’abattage, de beaucoup d’animaux destinés à la consommati­on. Mais Stéphanie n’avait pas attendu cela pour s’inscrire dans la mouvance du véganisme (1) et la défense de la condition animale. Et parce que la jeune femme est aussi une artiste, elle a choisi de mettre ses talents au service de la grande cause qu’elle défend. Cette longue liane brune, maman de trois enfants, est devenue végétarien­ne après un voyage en Inde, entre 27 et 30 ans, «quand je me suis rendue compte que l’on pouvait très bien se passer de viande ». Le véganisme n’est venu qu’en 2012, après avoir vu les enquêtes de L214, associatio­n dont elle est aujourd’hui l’un des membres actifs dans le départemen­t. « Là, ça a été du jour au lendemain. C’est en devenant végan que je suis devenue militante… » Elle entraîne dans son sillage son mari pour commencer : « Il était carnivore lorsque j’étais végétarien­ne, il est devenu végan en même temps que moi mais il ne s’interdit rien… » Un « flexitarie­n », comme leurs trois enfants : «Je les ai toujours laissés maîtres de leurs choix.» Artiste dans l’âme, Stéphanie a commencé à mettre ses talents au profit de la cause qui lui tient à coeur. Musicienne (elle est violoniste), elle commence par créer des chansons aux textes engagés. Elle qui a toujours dessiné, se décide à créer des petits personnage­s marins comme la jeune orque Frimie, pour dénoncer la vie en captivité dans les parcs marins. Tee-shirts vendus souvent au profit des associatio­ns de défense de la cause animale. Toujours créative, c’est vers un public plus jeune qu’elle veut s’adresser et pour cela, Stéphanie se met à raconter des histoires… Des histoires qui finiront toujours bien même si tout n’est pas rose. C’est ainsi qu’est né Pouiki, petit porcelet séparé de sa mère et qui «ne veut pas finir en saucisson ! ». Pouiki a germé dans son esprit en août dernier. « Il m’a fallu quatre mois pour lui donner vie… »En même temps que la page facebook veganimo. Le plus dur ? «Dire la vérité sans trop choquer. » Normal quand on veut s’adresser à de jeunes enfants, tout en leur faisant comprendre la réalité, dans un monde qui ne veut pas voir : ainsi, Pouiki aura la queue et les dents coupées… « En fait, je suis partie du constat que les enfants voient toujours les petits cochons roses dans les prés. Mais il y a 95 % des cochons qui vivent comme Pouiki. »

Développer l’éthique animale à l’école

Le vocabulair­e non violent, le choix d’employer des images douces, rondes et colorées pour raconter l’histoire de Pouiki, triste mais qui finit bien. C’est toute la force de ce livre pour enfants: il met en avant la puissance du bien et de la compassion à travers le rôle de Vega, la petite fille qui vient au secours du petit cochon et le recueille dans son refuge. Vega, personnage appelé à devenir récurrent, puisque Stéphanie Valentin planche déjà sur l’aventure d’une poule. L’histoire débutera dès le couvoir. Mais l’héroïne échappera à la broyeuse en tombant dans une poubelle salvatrice… Une poule, c’est logique quand on connaît l’engagement de la jeune femme dans leur sauvetage régulier… « On en a même adopté plusieurs », rit l’auteur. Celle de son prochain livre rejoindra la ferme magique de Pouiki. Au-delà des livres d’images et de messages, Stéphanie Valentin veut « posséder suffisamme­nt de matériel pour les enseignant­s qui veulent développer l’éthique animale à l’école ». L’éthique animale commence à entrer dans les programmes scolaires, l’opinion publique a de plus en plus conscience de la réalité des abattoirs. On estime qu’entre 3 et 5 % de la population pratiquent aujourd’hui un régime végétarien. Il est beaucoup plus difficile d’estimer le nombre de végans… Stéphanie Valentin espère en tout cas que la conscience collective se retrouvera un jour dans les programmes politiques. « Sauf que pendant la campagne présidenti­elle, ils sont tous allés se montrer au Salon de l’agricultur e» déplore-t-elle. Tous… «Non, sauf un !» (2). Il sera peut-être élu député.

1. Les végans excluent de leur alimentati­on tout produit d’origine animale et adoptent également un mode de vie respectueu­x des animaux (habillemen­t, cosmétique­s, loisirs…). Pouiki est en vente sur le site veganimo.fr ainsi que sur le site L214.fr 2. Jean-Luc Mélenchon, qui avait préféré rencontré des agriculteu­rs lors d’une « journée de l’Ecologie », au Parc Floral du bois de Vincennes.

C’est en devenant végan que je suis devenue militante”  % des cochons vivent comme Pouiki”

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(Photo Frank Muller)

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