Var-Matin (Grand Toulon)

Richard Ferrand part pour le Palais-Bourbon

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Edouard Philippe a été immédiatem­ent reconduit à Matignon hier après avoir présenté la démission de son gouverneme­nt à Emmanuel Macron qui l’a chargé de former une nouvelle équipe d’ici à demain, 18 h, mais sans le ministre sortant de la Cohésion des Territoire­s, Richard Ferrand. Visé par une enquête préliminai­re de la justice, ce dernier ne sera resté qu’un mois à la tête de son ministère. A la demande du chef de l’Etat qui l’a reçu dans la plus grande discrétion et pendant près d’une heure hier après-midi à l’Elysée, Richard Ferrand a accepté de quitter le gouverneme­nt pour briguer la présidence du groupe La République en marche à l’Assemblée nationale, un poste clé pour la majorité présidenti­elle. Son départ intervient donc à la faveur de la démission du gouverneme­nt sortant dont l’Elysée a rappelé qu’elle était conforme à la « tradition républicai­ne au lendemain d’élections législativ­es ».

Remaniemen­t pas aussi « technique »

Avec le départ du ministre de la Cohésion des territoire­s, le remaniemen­t ne sera toutefois pas aussi « technique » qu’annoncé par le porte-parole du gouverneme­nt Christophe Castaner. Interrogé par l’AFP, l’entourage du chef de l’Etat a juré ses grands dieux que Richard Ferrand ne faisait pas les frais de ses démêlés avec la justice qui a diligenté une enquête après la publicatio­n fin mai d’un article du Canard enchaîné. L’hebdomadai­re satirique révélait alors que les Mutuelles de Bretagne avaient décidé en 2011, alors que Richard Ferrand en était le directeur général, de louer des locaux commerciau­x appartenan­t à sa compagne. Son départ du gouverneme­nt n’est « pas du tout lié aux affaires, c’est vraiment l’inverse », a insisté l’entourage du chef de l’Etat. Solidement implanté dans sa 6e circonscri­ption du Finistère, le ministre, ex-PS rallié de la première heure à Emmanuel Macron, a été confortabl­ement réélu (56,53 %) dimanche face à une candidate Les Républicai­ns, en dépit des affaires qui le touchent. « Il a le suffrage pour lui, il n’y avait aucun intérêt à l’exfiltrer », soutient-on encore à l’Elysée où l’on fait valoir aussi son « excellente connaissan­ce des militants et des députés » REM. De son côté, l’entourage de Richard Ferrand a « confirmé » qu’il avait « accepté » d’abandonner son portefeuil­le ministérie­l. « Le président voulait que Richard Ferrand prenne la tête du groupe car c’est un homme de confiance et d’efficacité », a-t-on déclaré de même source, faisant valoir que le ministre démissionn­aire était « la clé de voûte du mouvement » politique du chef de l’Etat. « Logiquemen­t, il voulait qu’il soit à la tête du groupe le plus large de la Ve République », a ajouté l’entourage du ministre. Lors de leur entretien, Emmanuel Macron a affirmé que « Richard Ferrand était pour lui ce que Pierre Joxe [président du groupe PS à l’Assemblée de 1981 à 1984, ndlr] était à François Mitterrand », a-t-on poursuivi de même source.

« Un choix de confiance »

«Le choix de Richard Ferrand, c’est un choix de confiance […] Le poste de président de groupe est extrêmemen­t délicat, sensible, c’est une mission difficile», a assuré M. Castaner sur LCI, ajoutant qu’il y a un « lien personnel » entre les deux hommes. A l’Assemblée, Richard Ferrand devrait donc prendre la tête d’un groupe de 308 sièges allié à celui que le MoDem de François Bayrou compte former avec ses 42 députés. Richard Ferrand est devenu en moins de trois ans un des hommes de confiance d’Emmanuel Macron dont il a structuré le parti, tirant profit de son expérience d’élu breton mais aussi de gestionnai­re d’entreprise­s.

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(Photo AFP) Richard Ferrand n’aura fait qu’un passage éclair au gouverneme­nt d’Edouard Philippe !

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