Var-Matin (Grand Toulon)

Philippe Michel-Kleisbauer enfin prophète en son pays...

- ÉRIC FAREL efarel@nicematin.fr

Qui l’eut cru? Qui aurait misé, en début de campagne, le moindre petit centime d’euro sur la victoire de Philippe Michel-Kleisbauer aux législativ­es? Lui, le looser de 2007, de 2012, puis de 2014 aux municipale­s et de 2015 aux départemen­tales. Lui, le «clochard de la politique »,le« polytrauma­tisé du suffrage universel », à la fois « traître » et « girouette», doit bien s’amuser aujourd’hui de ces quolibets puisés à la bouche de ses adversaire­s. À 48 ans, ce n’est pas un perdreau de l’année. Il a été conseiller municipal de Transen-Provence, de 1995 à 2001. A épaulé François Léotard en qualité d’assistant parlementa­ire. A mené la campagne des cantonales de 98 pour Élie Brun avant d’intégrer son cabinet, à Fréjus, dont il a assuré la direction jusqu’en 2007. Un CV correct... Né à Draguignan en 1969, il a grandi à Trans et y a fréquenté l’école primaire. Puis, retour dans la sous-préfecture du Var pour ses études secondaire­s: collège, lycée. «Ensuite, je suis parti à Aix, à l’université. Je suis un pur produit de l’Éducation nationale publique», s’amuse-til. Bon élève, le jeune Philippe? « Moyen en secondaire. J’ai mieux réussi à la fac.» Il rêve de faire carrière dans la diplomatie. Mais l’influence de son père, notaire, produit ses effets. Un temps, donc, il travaille comme clerc. Milite pour Léotard, s’intéresse à la politique américaine. Philippe Michel est un centriste. Et il l’assume: «À gauche, je n’y suis pas allé parce que les gens sont sectaires. À droite, c’est pareil. Le centre me convient très bien parce que, quoi qu’on en pense, c’est ce qui est le plus éloigné des extrêmes.»

Victime de sa réputation

Le successeur de Georges Ginesta trimbale, bien malgré lui, la réputation d’un type qui dort sur ses rentes. Il corrige: «J’ai une activité de conseil auprès de particulie­rs et d’entreprise­s. Cela me donne la liberté de faire de la politique. Je suis en outre le maître d’ouvrage d’une opération patrimonia­le d’envergure. Mais j’ai aussi vécu du capital issu d’investisse­ments. J’ai pu acheter des terrains, je les ai revendus avec une plus-value. Je n’ai aucun problème avec ça: je suis un investisse­ur et même un spéculateu­r. Et cela m’a rendu bien moins aisé que pendant les années où j’étais contractue­l à la ville de Fréjus.» Les années passées au cabinet de Brun lui ont ouvert les yeux sur les pratiques de certains élus et hauts fonctionna­ires. Pour eux sans doute, l’homme représente un danger. «Personne ne m’attaque sur ma probité. Parce qu’il n’y a rien à dire de ce côté-là. En revanche, moi, je sais beaucoup de choses sur les uns et les autres.» Du coup, les flèches qu’il reçoit visent plutôt le flanc strictemen­t politique. On le taxe de louvoyer d’un bord à l’autre… Il se défend: «Entre l’UDI et le MoDem, il n’y a guère de différence­s, sinon des querelles de personnes. Oui, j’ai voté à gauche aux régionales, parce que mieux valait Vauzelle que Le Pen. Et j’ai été collaborat­eur d’un maire UMP, mais cela ne faisait pas de moi un UMP.»

Pas honte de la «vague»

Philippe Michel sait l’importance des partis... « La réalité des choses, c’est que l’on ne peut devenir élu que si l’on est derrière un parti. Regardez le FN. À Fréjus, ils n’ont pas réussi sur la seule notoriété de Rachline. Ce sont les Le Pen, JeanMarie et Marine, qui les ont fait entrer à la mairie. Et si Guillaume Decard a été favori un moment, c’est parce qu’il était le candidat de l’UMP et qu’il avait le soutien de Georges Ginesta. Sur son nom, je lui souhaite de faire le même nombre de voix que moi lorsque j’étais seul. La vague Sarkozy a aussi fait élire plein de gens. Alors, je n’ai aucune honte à dire que je bénéficie moi aussi d’une vague aujourd’hui.» Le nouveau député ne porte pas de montre et utilise un Blackberry... « Je suis un fana. Cet appareil est le plus sécurisé au monde. Le mien date de 2013 et a un clavier américain. Obama en a un. L’iPhone est un gadget. Ça, c’est un outil de travail. » Il ne prend pas non plus l’avion. Non par phobie, comme David Rachline, mais parce qu’il préfère le train, qui lui permet de lire ou de profiter du paysage. Lire, une de ses passions. Avec les voyages... « J’ai toujours aimé ça. » Dimanche soir, parce qu’il n’est pas un expressif, Philippe Michel n’a pas sauté au plafond. Il n’est pas allé célébrer sa victoire dans un restaurant du secteur. Comme au soir du premier tour, il a préféré un huis clos avec son équipe de campagne. Mais on ne doute pas qu’il ait savouré son triomphe comme il se doit.

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Ph. Arnassan) Au téléphone avec François Bayrou.(Photo

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