A l’hôtel des ventes, des enchères « prestige »
Picasso, Puget, Cocteau, Guyot, Baboulène... Près de trois cents oeuvres d’art de grande valeur composent aujourd’hui la vente aux enchères « de prestige » de l’étude du boulevard Clemenceau
Sculptures, peintures anciennes et provençales, céramiques asiatiques... À l’hôtel des ventes, boulevard Clemenceau, on chemine dans un grand salon des beaux-arts. Forte d’une belle réputation, l’étude de Richard Maunier déroule aujourd’hui, dès 15 heures, une vente de prestige exaltante. Près de trois cents féeries de sculptures, d’orfèvrerie, de mobilier, de lithographies, de toiles anciennes et d’art provençal, ainsi que des céramiques asiatiques et islamiques, seront proposés aux armoires et buffets de futurs acquéreurs chanceux. Se faufilant entre les vitrines, le commissaire-priseur, intarissable, se réjouit de taper du marteau. « Là on va faire des affaires, explique-t-il en chatouillant l’argenterie, la vaisselle, la faïence et les moustiers. Il y a toujours un temps mort dans les ventes, l’acheteur peut en profiter. » Entretien.
Quels sont vos clients ? On a un noyau dur formé par les gens du coin, des acheteurs expérimentés depuis trente ans. Ils viennent régulièrement et ça leur plaît, ce sont souvent des particuliers, à la retraite, des professionnels (antiquaires…). Ils viennent des fois de loin, Nice, Marseille. Et puis, il y a ce nouvel apport de la vente sur Internet.
Comment s’opèrent les ventes sur Internet ? On propose une diffusion en direct, les gens me voient sur l’écran et peuvent enchérir. L’organisme interenchères authentifie les clients. Ainsi, on peut vendre à l’international. C’est un nouveau monde qui s’ouvre à nous, mais quelque part c’est ce qui nous a sauvés de la baisse de la clientèle.
Quelles sont les raisons de la diminution des ventes ? On dirait que les jeunes générations sont moins intéressées par l’ancien. On est dans le creux de la vague, la relève se fait attendre. Internet les séduit, c’est un espoir. D’ailleurs, cette vente prestige va bien marcher sur les réseaux, j’ai déjà reçu des centaines de demandes.
Comment les enchères doivent rebondir ? On cherche des idées car si un jour personne ne veut ça… (il montre des sculptures en bronze) Il va bien falloir trouver d’autres débouchés. Pour moi en province, il faut faire du déstockage. Ce n’est pas brillant mais ça fait bouillir la marmite. Télévision, téléphone, électroménager à peine abîmé… : on peut avoir de bons prix aux enchères. Ça peut être aussi du matériel de bricolage (perceuse à colonne, outils), actuellement j’estime cela plus cher que les meubles !
Est-il difficile de vendre l’art à Toulon ? Toulon est une bonne étude mais on ne va pas vendre ici de Picasso à millions d’euros, c’est certain… Il ne faut pas avoir une ambition démesurée, ce n’est pas Lyon, ni Cannes, Paris… Ici, le patrimoine provient des officiers de marine (sabres de combat à Trafalgar…), et se conserve. Ensuite une population bourgeoise locale des arrières grands parents (vieille pendule, commode à euros) On vit sur des quantités de petits prix, de bonnes trouvailles qui sortent des caves et greniers. Ma chance est qu’aujourd’hui, beaucoup de gens nous font confiance. Moi je suis un vieux, ils me connaissent depuis trente ans. Quand ils viennent me voir, c’est ma légion d’honneur.
Avez-vous un rôle culturel local ? Oui, car j’aide aussi la création artistique, l’art moderne, comme les sculpteurs contemporains Patrice Chobriat et Nathalie Bicais. On est des « reconstitueurs » de patrimoine auprès des gens cultivés qui cherchent à s’en créer un. Les choses, on ne les emporte pas. On en profite jusqu’à notre mort, c’est tout. J’aime la culture, elle va à l’encontre de tous les stress de notre société actuelle, elle n’a pas de pays, de nation ou de race. Si j’amène quelqu’un à l’art, je trouve cela magnifique. J’adore d’ailleurs quand un jeune me pose des questions dessus. Mais il n’y en a plus beaucoup…
Savoir +
Vente de prestige, à partir de 15 heures à l’hôtel des ventes de Toulon, 54 bd Georges-Clemenceau. Exposition visible de 10 heures à 12 heures. Tél. : 04.94.92.62.86. Vente sur Internet : www.interencheres.com/83002