Des étudiants d’Aix-Marseille veulent sauver nos oliviers
De spécialités universitaires différentes, ils unissent leur compétence pour éradiquer la bactérie tueuse de végétaux Xylella fastidiosa, avec un labo de l’Institut de microbiologie de la Méditerranée
Un faisceau pluridisciplinaire de compétences scientifiques pour cibler et éliminer la bactérie tueuse de végétaux Xylella fastidiosa. À ce jour aucun remède n’a été trouvé contre cette bactérie arrivant d’Italie et de Corse, qui s’est déjà propagée dans le Var et dans les Alpes-Maritimes. Jusqu’au coeur de la cité Berthe à La Seyne, où elle a même été identifiée sur des arbustes à deux reprises ! Une bactérie implacable qui tue, entre autres végétaux, les oliviers et la vigne, en les parasitant. C’est dire si l’enjeu est important.
Projet « Kill XYL »
À Marseille, dans le cadre du projet « Kill XYL », dont le coup d’envoi a été donné en février, trente-huit étudiants (contre une dizaine les années précédentes) regroupés au sein de l’association Igem AMU 2017 sont bien décidés à trouver une solution pour éradiquer le fléau d’ici la fin de cet été 2017. Igem pour «International genetically engineered machines », du nom du concours international d’ingénierie en biologie synthétique créé par le MIT (Massachussetts institute of technologie), dans lequel les Marseillais sont en lice avec plusieurs milliers d’autres étudiants du monde entier (305 équipes en 2016 ) ; AMU pour Aix-Marseille Université dont ils dépendent. Une seule contrainte à ce concours : le thème imposé est l’ingénierie biologique. L’objectif est de concevoir des systèmes biologiques qui trouveront des applications dans différents secteurs tels que la santé, l’énergie, l’agriculture et l’environnement. Le projet est chapeauté par le professeur James Sturgis, enseignantchercheur, directeur du laboratoire d’ingénierie des systèmes macromoléculaires de l’Institut de microbiologie de la Méditerranée (IMM) à Marseille. L’un des plus grands centres de microbiologie de France où travaillent 500 à 600 chercheurs.
En novembre à Boston
Un laboratoire où les étudiants pourront utiliser les équipements avec la collaboration d’une équipe d’enseignants-chercheurs, de doctorants et d’ingénieurs du CNRS, dont ils bénéficient de l’expertise. De niveaux bac +2 à doctorants, les jeunes biologistes, chimistes, informaticiens, bio informaticiens, électroniciens, micro-électroniciens… partagent tous le même credo. « Détruire la bactérie tout en sauvegardant l’olivier et en proposant une alternative plus respectueuse de l’environnement. Avec une empreinte écologique moindre» , résume Martin Mestdagh, étudiant en master bio-informatique et manager du projet, originaire du Beausset. Les étudiants qui travaillent notamment par partage de documents et d’informations via un réseau informatique privé se réunissent aussi chaque lundi, en fin d’après-midi au laboratoire du Pr Sturgis. La partie théorique de leurs travaux étant achevée (lire ci-dessous), ils sont passés depuis peu à la phase pratique et expérimentale à l’IMM. Ils travaillent notamment sur des séquences ADN. Et ce, en sachant qu’ils n’auront pas d’accréditation pour accéder à la bactérie, et ne pourront pas mener de test sur le terrain. Des tests d’ailleurs interdits en France et en Europe. En novembre ils présenteront
leurs conclusions au Giant Jamboree, la convention du MIT à Boston. Un grand rassemblement mondial où ils ont des chances de gagner une nouvelle médaille (lire ci-dessus). Pour communiquer, gagner en visibilité, financer leurs travaux et se rendre à Boston, l’équipe d’étudiants-chercheurs va bénéficier du soutien de Var-matin et a lancé une opération de financement participatif « Sauvons nos oliviers ! » Pour les aider, une seule adresse : www.helloasso.com/associations/ igem-aix-marseille-universite