Brignoles: cinq ans de prison pour quatre coups de couteau
Si le motif de la bagarre qui a dégénéré, le 28 avril dernier à Brignoles, est demeuré flou, le prévenu et sa victime avaient enterré la hache de guerre hier, devant le tribunal correctionnel de Draguignan. « Yassine, excuse-moi » ,adit Nadir Abed, 23 ans, à l’autre jeune auquel il avait porté quatre coups de couteau. « Je te pardonne », a répondu l’intéressé.
Le grand pardon
Il s’en est fallu de peu que cette scène ne se déroule non devant le tribunal correctionnel, mais dans la salle voisine de la cour d’assises. Car la victime, atteinte de quatre coups de couteau pénétrants dans le bas du dos, la cuisse droite et le poignet gauche, a eu de la chance. La chance d’abord que la bagarre qui l’a opposée à Nadir Abed se soit déroulée à l’heure du déjeuner devant plusieurs témoins. La chance encore que parmi ceux-ci se trouvait un exambulancier, qui a pu faire des points de compression sur les plaies les plus graves. La chance enfin que les six heures d’opération, subies dans un service de chirurgie viscérale, et les cinq jours d’hospitalisation qui ont suivi ont fait que Yassine a pu être présent au procès de son agresseur.
Caché pendant deux semaines
Pour autant, il n’y avait pas dans le geste de Nadir Abed d’intention homicide. Mais du ressentiment, au sujet d’insultes échangées la veille entre les deux protagonistes. Quand Nadir a vu passer Yassine près de son immeuble, il est allé au contact. « Je l’ai insulté direct. J’ai pris des coups. J’ai eu très peur. J’ai sorti un couteau et j’ai frappé. » Nadir Abed a également invoqué la peur, pour s’être caché pendant treize jours dans l’espoir d’échapper aux gendarmes. « Je ne me suis pas rendu parce que j’avais peur de gâcher ma vie. » «On est au plus haut dans l’échelle des violences avec arme, et nous n’étions pas loin d’une issue fatale » ,a noté le procureur Pierre Arpaia, avant de requérir cinq ans de prison, dont un avec sursis et mise à l’épreuve. Une peine que Me Lionel Ferlaud a demandé au tribunal de revoir à la baisse : «Ce n’était pas des coups de face, ils étaient quasiment au corps à corps. » Suivant les demandes du procureur, le tribunal a par ailleurs ordonné une expertise médicale pour évaluer le préjudice de la victime, et lui a accordé 2000 € de provision.