Macron, véritable maître de la communication
Emmanuel Macron s’exprimera donc devant les députés et les sénateurs qu’il réunira en congrès à Versailles le lundi juillet. Le président de la République a affirmé en effet tout au long de sa campagne électorale qu’il s’adresserait régulièrement, au moins une fois par an, aux parlementaires, et, à travers eux aux Français, pour fixer son cap et rendre compte, au cours de son mandat, de l’action accomplie. Le rendez-vous donné aux élus est donc tout sauf une surprise. Ce qui l’est, en revanche, c’est la date à laquelle l’allocution présidentielle est annoncée : le juillet, donc la veille du discours de politique générale d’Édouard Philippe. On entend bien que les deux discours, comme le plaide l’Élysée, sont de nature différentes : au Président de montrer la ligne, de projeter son action et sa volonté dans le temps. Au Premier ministre, comme disait le général de Gaulle, l’intendance, et la conduite de l’action gouvernementale dans le sens défini par le chef de l’État. Mais pourquoi avoir précisément choisi cette date ? Il y en avait d’autres, autour du juillet qui eussent été possibles, et sans doute moins embarrassantes pour le Premier ministre. Certes, – les deux discours seront bien sûr coordonnés, sinon écrits de concert, on y verra bien la différence entre celui qui préside et celui qui gouverne. Mais ce télescopage est-il utile ? Certes Emmanuel Macron entend bien briser les codes de la vieille politique. Après tout, rien ne lui interdit de parler à cette date, sinon que c’est la première fois, dans l’Histoire de la Ve République que les deux discours sont délivrés presque simultanément. Mais, qu’il le veuille ou non, forcément, l’un des discours, le premier, fera de l’ombre au second. Le Premier ministre n’est qu’un exécutant, certes. Pour autant est-il nécessaire d’en faire la démonstration devant les députés ? Est-ce pour prouver que, comme l’avait dit un autre ex-Premier ministre, que pas une feuille de papier cigarette ne les sépare ? Cela apparaîtra, en tout cas, symbolique de la place et du rôle qu’entend se donner le nouveau Président : à la tête de ses troupes pour la conquête, comme Bonaparte au pont d’Arcole, les généraux suivent. Sans doute faut-il voir dans l’invitation adressée pour le défilé du -Juillet à Donald Trump quelque chose de comparable : après tout, Emmanuel Macron est le seul dirigeant européen qui aura invité en France, en moins de deux mois, les dirigeants de deux des pays les plus puissants du monde : Vladimir Poutine et Donald Trump. Le prétexte trouvé est certes excellent : ce sera le centième anniversaire de l’intervention américaine auprès des forces françaises de la Triple Entente au cours de la Première Guerre mondiale. Nul doute qu’il sera question, pendant ces rencontres, de la Syrie, de l’Ukraine et des lignes rouges à ne pas dépasser. Est-ce là l’objectif essentiel ? L’image du président américain et de la first lady aux côtés du président français et de son épouse fera, à n’en pas douter, la une de tous les journaux le juillet. Dans la communication, Emmanuel Macron est décidément devenu le maître.
« Emmanuel Macron entend bien briser les codes de la vieille politique. »