Philippe : « deux expressions parfaitement en ligne » avec Macron
Elle était un élément essentiel pour tenter d’éclaircir cette enquête en 1984. Soupçonnée de « complicité d’assassinat » hier, la voilà de nouveau en garde à vue
L’affaire Grégory fait un nouveau retour dans le passé. Après la mise en examen d’un grand-oncle et d’une grand-tante de l’enfant, les gendarmes ont à nouveau placé en garde à vue hier Murielle Bolle, témoin clé en 1984 mais suspectée aujourd’hui de « complicité d’assassinat ». Selon son avocat, Me JeanPaul Teissonnière, cette femme de 48 ans est entendue également pour « nondénonciation de crime » et « non-assistance à personne en danger » par les enquêteurs venus la chercher à son domicile de Grangessur-Vologne (Vosges), pour reprendre une garde à vue entamée il y a plus de 32 ans.
Témoignage et rétractation
Deux semaines après la découverte de l’enfant dans la Vologne, ce fameux 16 octobre 1984, Murielle Bolle avait été à l’origine de l’arrestation du premier suspect, son beau-frère Bernard Laroche, en livrant un témoignage accablant avant de se rétracter brusquement et de rester silencieuse depuis. Mais dans les locaux de l’escadron de gendarmerie mobile de Saint-Etienne-lès-Remiremont, « elle répond aux questions qui lui sont posées », a souligné son avocat hier, sans dire si elle maintenait sa version. Les enquêteurs peuvent l’interroger jusqu’à ce matin, compte tenu des heures de garde à vue déjà effectuées les 2 et 3 novembre 1984. Avant de la remettre en liberté ou de la transférer à Dijon en vue d’une éventuelle mise en examen – la juge d’instruction pourrait aussi la placer sous le statut de témoin assisté. C’est la quatrième personne placée en garde à vue depuis deux semaines dans cette affaire aux multiples rebondissements. Marcel et Jacqueline Jacob, grand-oncle et grandtante maternels de Grégory qui étaient proches de Bernard Laroche, ont été mis en examen pour « enlèvement » et « séquestration suivie de mort ». À l’époque des faits, Murielle Bolle avait 15 ans. Entendue une première fois par les gendarmes, l’adolescente dit avoir croisé Bernard Laroche, le jour du meurtre, chez une tante de ce dernier, où elle faisait ses devoirs. Mais leurs déclarations ne collent pas. Elle raconte alors que son beau-frère, ce jour-là, l’a prise en voiture à la sortie du collège avant d’aller chercher Grégory chez ses parents et de le déposer chez quelqu’un - un ami de la famille, pensaitelle. Des propos répétés deux jours plus tard devant le juge d’instruction, JeanMichel Lambert, qui inculpe sans attendre Bernard Laroche pour assassinat. Mais après une nuit en famille, la jeune fille se rétracte, évoquant des pressions des gendarmes. Début 1985, Laroche est libéré puis tué par son cousin Jean-Marie Villemin, père de l’enfant. Édouard Philippe a estimé, hier soir à Tallinn (Estonie), que la convocation du Parlement réuni en Congrès par Emmanuel Macron, à la veille de sa propre déclaration de politique générale, donnera lieu à «deux expressions parfaitement en ligne» et complémentaires. Interrogé sur le risque que sa prise de parole soit éclipsée par celle du chef de l’État, le Premier ministre a répondu : «Je ne pense pas, je crois même l’inverse ».