Var-Matin (Grand Toulon)

« Le favori, c’est Froome »

Le Saint-Jeannois Amaël Moinard s’apprête à vivre son neuvième Tour de France. A 35 ans, le grimpeur espère remporter un deuxième succès comme équipier, cette fois avec Richie Porte

- Textes Romain LARONCHE

Qu’envisagez-vous pour votre Tour de France ? Le Tour, c’est toujours un gros challenge. Je suis content et honoré de faire partie de ce groupe aussi fort chez BMC. Je fais aussi du vélo pour ça, je me bats pour être au Tour, et y aller en bonne condition. Je suis impatient que ça commence.

Ressentez-vous le même stress d’avant-course avec l’expérience ? C’est sûr que j’ai beaucoup moins de stress qu’avant. Par contre, je sais aussi ce qui m’attend. Les bons côtés mais aussi les difficulté­s. C’est pour cela que je me préserve les jours précédents en emmagasina­nt le maximum de repos et de récupérati­on physique et mentale avant de rejoindre ce “grand cirque”.

D’où votre choix de ne pas être allé au championna­t de France. Exactement.

L’objectif est donc d’aller chercher la victoire avec Richie Porte... Oui, c’est son objectif de l’année, de sa carrière et même de sa vie. Il le dit clairement et on a pu voir cette année qu’il était parmi les meilleurs mondiaux. On a pris une claque au Dauphiné (Porte a perdu le maillot jaune le dernier jour). A nous d’en tirer les enseigneme­nts.

Avec un peu de recul, le résultat du Dauphiné reste positif (Porte du général, remporté pour  secondes par le Danois Jakob Fuglsang) ? Positif, je ne peux pas dire ça, car on reste sur une défaite. Celle de Richie et la nôtre sur une journée où on a mal appréhendé les choses et pas été au niveau. Après, le niveau de forme et la cohésion d’équipe étaient très bons. Et puis, nous avons du renfort pour le Tour (Caruso, Van Avermaet...). On peut partir avec de la confiance, mais en sachant que personne ne nous fera de cadeau. La leçon, c’est de ne pas baser votre course uniquement sur celle de Froome et la Sky ? La leçon, c’est qu’il faut rester offensif, même si on a le maillot. La meilleure défense c’est l’attaque.

Peut-on tirer des enseigneme­nts du niveau de Froome sur le Dauphiné ? Je reste toujours très prudent avec le Dauphiné. J’ai déjà vu des coureurs en reprise au Dauphiné et donc un peu en dedans qui finissaien­t très fort le Tour. Il y a cinq semaines d’écart entre les deux et on ne peut pas préjuger de la performanc­e des leaders sur le Tour en fonction du Dauphiné.

Froome, ça reste votre favori ? Oui, par rapport à la force collective des Sky, son expérience, ses trois victoires, sa façon de courir. Pour tous ces arguments, c’est clairement le favori.

Si l’on regarde la première semaine de course - avec un CLM le premier jour ( km), une arrivée en côte à Longwy (lundi) et la montée de la Planche des Belles Filles (mercredi) c’est l’idéal pour que Porte prenne le maillot jaune ? C’est compliqué de faire ce genre de plan. Déjà, le premier jour, on a un grand favori avec Stefan Küng, qui prépare ce chrono depuis le début de l’année. La première arrivée en côte peut aussi sourire à Greg Van Avermaet. Et oui, la Planche des Belles Filles devrait convenir à Richie, mais c’est une étape propice aux échappées. Vu le parcours du Tour, beaucoup de favoris risquent d’être sur la réserve pour se dévoiler lors de la dernière semaine et cela pourrait favoriser des “seconds couteaux”. Et puis, sur les premiers jours du Tour, il se passe toujours quelque chose, on l’a vu l’an passé avec la crevaison de Richie qui nous a fait perdre très gros.

Quel sera votre rôle au sein de l’équipe ? Quand on vient avec un objectif de podium ou de victoire, c’est un travail de tous les jours, sur tous les terrains il va avoir besoin de ses huit coéquipier­s. Plus précisémen­t, je travailler­ai certaineme­nt en début d’étape les journées de plaine et sur les étapes de moyenne et haute montagne, ça sera un rôle intermédia­ire, jusqu’au pied de la dernière difficulté. Si on décide d’envoyer des pions à l’avant sur les étapes vallonnées, j’ai le profil, car j’aime prendre les échappées pour ensuite servir de relais à mon leader.

J’aime prendre les échappées pour servir de relais ”

On s’appuie sur votre expérience d’ancien vainqueur en tant qu’équipier (en  avec Evans) ? On est trois équipiers avec Nicolas Roche (avec Froome en ) et Michael Schär (Evans en ) à l’avoir fait, plus Richie qui l’a remporté avec Wiggins et Froome, donc on a une équipe expériment­ée. Ça va apporter de la sérénité, mais ça reste un challenge physiqueme­nt super dur, un travail harassant de gagner le Tour.

Qu’avez-vous fait lors de vos dernières journées chez vous avant votre départ pour Düsseldorf ? Je me suis pas mal entraîné, car j’ai moins de jours de compétitio­ns que les autres années. Je suis, par exemple, allé grimper les cols de Larche, la Lombarde et la Bonette avec Nicolas Roche. Sinon, je suis resté chez moi pour profiter de ma femme et mes enfants.

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