C’était le bon temps
Ce n’est pas d’aujourd’hui que la France va dans le mur puisqu’on a célébré hier le cinquantenaire des distributeurs automatiques de billets. Apparemment sans un regret pour des demoiselles-troncs qui, derrière leur guichet, bavardaient davantage entre elles qu’elles ne parlaient aux clients. Avouerai-je ma nostalgie de cette époque où les grosses coupures ne dénonçaient pas un enrichissement malhonnête, où l’on pouvait demander à un commerçant la monnaie d’un billet de cinquante sans qu’il alerte le commissariat, où l’on projetait d’imprimer des billets de mille euros, où ceux de deux cent et de cent euros n’avaient pas mystérieusement disparu de la circulation et où l’argent ne causait pas plus d’ennuis qu’un demi-siècle plus tard il ne devait rapporter d’intérêts ? On pouvait payer roudoudou et Carambar sans utiliser une carte bancaire ou – pire – sans avoir à frotter son portable à un terminal couvert de bactéries. Hubert (avec un H) était un prénom plutôt aristocratique, on ne pratiquait le taux zéro que sur la banquise et la Caisse d’Épargne se montrait plus généreuse que le Livret A. Désormais, on ne voit pas plus ce qu’on gagne que ce qu’on dépense ; la cyberattaque a déjà remplacé le cybercafé et son couvercle ne protège pas plus notre ordinateur domestique que celui de Flamanville n’assure la sécurité de
la plus ruineuse de nos centrales.