Une correspondance inédite d’Einstein aux enchères
56 missives inédites et intimes, écrites par le génie de la physique à son meilleur ami, s’apprêtent à être vendues chez Christie’s à Londres
Un éclairage inédit sur la vie et les pensées du plus grand génie de la physique. C’est ce qu’offrent les lettres d’Albert Einstein (1879-1955) écrites à son plus proche ami et collaborateur, Michele Basso. Etalées sur une période d’une cinquantaine d’années, ces 56 missives seront prochainement vendues par Christie’s à Londres. Albert Einstein y évoque ses différents sujets de recherche : la théorie de la relativité, la constante cosmologique, la théorie du champ unifié, la mécanique quantique et bien d’autres… Surtout, la correspondance dévoile un côté plus intime du scientifique. Sa joie notamment lorsqu’il vient d’épouser Mileva Maric, avec laquelle il aura deux enfants. « Je suis maintenant un homme marié et je coule une existence des plus agréables avec ma femme ». Ses regrets par la suite face au fiasco de ce mariage ainsi que du suivant avec Elsa Löwenthal, sa cousine et seconde épouse. En 1955, alors que Michele Besso vient de mourir, Einstein écrit ainsi à la famille de son ami : “Ce que j’admirais le plus chez lui était sa capacité à vivre pendant tant d’années non seulement paisiblement mais aussi durablement avec une épouse, une entreprise à laquelle j’ai honteusement échoué à deux reprises”. Einstein, qui mourra quelques semaines plus tard à l’âge de 76 ans, terminera sa lettre par ces mots émouvants : “Il m’a de nouveau précédé de peu en quittant ce monde étrange. Cela n’a pas d’importance. Pour des personnes comme nous qui croyons en la physique, la distinction entre le passé, le présent et le futur n’est qu’une illusion tenace.” D’autres écrits dévoilent le côté humble et plein d’humour du physicien, et livrent ses réflexions sur la montée du nazisme, la solitude et le vieillissement, l’éducation de son fils aîné, son inquiétude pour son plus jeune fils, atteint de schizophrénie, sa passion pour ses travaux, dans lesquels il trouve souvent une échappatoire. “Je ne voudrais pas continuer à vivre si je n’avais pas mon travail”, dit-il. La sensation qu’il a aussi de “se rapprocher de Dieu” lorsqu’il parvient à saisir des vérités fondamentales. A travers ces missives « ce qui frappe le plus est sa capacité, grâce à son cerveau extraordinaire, d’appréhender l’univers dans une perspective qui va bien au-delà de celle du commun des mortels », confie Thomas Venning, directeur du département Livres & Manuscrits chez Christie’s à Londres. Les 56 lettres seront vendues entre le 6 et le 13 juillet, lors d’enchères sous le marteau et en ligne. Elles sont estimées à partir de 800 livres (905 euros) et jusqu’à 150.000 livres (près de 170.000 euros), pour une lettre où Einstein évoque la théorie de la relativité.