Les exemples espagnols
Raphaël Besson est directeur de Villes Innovation, bureau d’études localisé à Madrid et Grenoble, spécialisé sur les thématiques des villes innovantes et créatives et des tiers lieux (Living Labs, Fab Labs, espaces de coworking). Il a étudié le projet 22@Barcelona et le cas de la smart city madrilène.
En quoi consiste le projet de smart city de Barcelone ? Barcelone réfléchit depuis le milieu des années en quoi la ville peut être un acteur de cette nouvelle économie. Ce qui a donné naissance en à @Barcelona, un projet de rénovation du quartier ouvrier de Poblenou. Il est devenu un laboratoire d’expérimentation grandeur réelle d’innovations technologiques liées à la ville de demain.
Quelles actions ont été mises en place ? Déchets, déplacement, éclairage... Toutes les thématiques de la smart city ont été testées. Des capteurs de présence ont été installés sur des lampadaires, d’autres sur les bennes à ordures, sur les places de parking...
Est-ce que cela a fonctionné ? D’un point de vue quantitatif, oui. De nombreuses startups, universités, centres de recherche, incubateurs, pépinières et espaces de coworking se sont implantés à Poblenou. Mais la greffe au niveau du quartier n’a pas pris car le tissu social ouvrier est assez déconnecté de ces questions technologiques. S’est posée la question de la fabrique de la ville : les nouvelles technologies peuvent-elles régler tous les problèmes sociaux, environnementaux et économiques de la ville de demain ?
Conséquence? Cela a mené à la FabCity, le pan de la smart city barcelonaise. Diffuser ces innovations technologiques clés en main ne sert à rien. Il faut être dans une interaction entre les innovations technologiques et la réalité socio-économique d’un territoire. Cela passe par un réseau de Fab Labs ou Living Labs. Le but est d’encastrer les différentes innovations technologiques selon les spécificités sociales, économiques, culturelles, environnementales de son quartier. Ainsi, on obtiendra des innovations plus riches, plus originales et percutantes. Les innovations technologiques font sens car elles répondent aux besoins du quartier. Que faut-il en déduire ? La smart city doit sortir de ce déterminisme technologique et ne fonctionne que si elle est à l’échelle de quartier et des problématiques socio-économiques et culturelles. À titre d’exemple, en France, le CityLab de Nantes proposera en septembre d’expérimenter une imprimante D géante qui construira en quelques jours un logement social individuel. C’est formidable mais cela soulève beaucoup d’interrogations. Cette innovation technologique n’est pas en accord avec les politiques stratégiques qui visent à réduire le phénomène d’étalement urbain de l’agglomération nantaise. Idem pour les matériaux, essentiellement du béton. Comment faire pour que cette imprimante intègre des matériaux écologiques ? Les Living Labs sont là pour questionner ces innovations technologiques présentées comme des solutions magiques à tous les problèmes de la ville de demain.
Et l’exemple madrilène ? Madrid est un laboratoire citoyen qui a débuté en . En raison de la crise économique, la ville s’est retrouvée avec de nombreux espaces vacants sur lesquels des centres commerciaux, des stades, des piscines devaient être construits. Des chercheurs, expérimentateurs et urbanistes se sont réappropriés ces espaces vacants et ont créé une trentaine de laboratoires citoyens financés grâce au crowdfunding. Marchant en réseau, ils ont un impact dans le fonctionnement quotidien de la ville : jardins potagers, espaces de coworking. Le Campo de la Cebada est un équipement dédié au sport et à la culture.
Comment se positionne la ville dans ce nouveau schéma ? Madrid se demande comment se positionner pour accompagner cette dynamique ascendante. L’acteur public n’a plus à planifier mais doit agir comme régulateur.
Il y a trois éléments incontournables pour développer une smart city. Un aménagement du territoire qui apporte les tuyaux technologiques indispensables à son fonctionnement, une volonté politique pour la soutenir et l’accompagner, plus une communauté d’entrepreneurs prête à engager leur société dans le processus de transformation avec des actifs qui ont trouvé de quoi se loger à proximité. Parce que nous pensons que l’intelligence d’une ville tient autant à son patrimoine humain qu’à sa capacité d’innovation, le groupe Nice-Matin met sur pied un Hub business, lieu où connecter les entrepreneurs issus de tous les bassins azuréens pour qu’ils développent leur activité et celle de la Côte d’Azur. Les fondations de ce Hub business ont été posées le jeudi er juin au siège de Nice-Matin avec vingt entrepreneurs. Le deuxième rendez-vous de ce Hub business aura lieu le sur le salon Innovative city à h . Au programme de la conférence, trois témoignages d’acteurs de ce territoire qui, en se rencontrant, ont appris à mieux se connaître et ont trouvé des voies de croissance communes. Expression de besoins, expression de compétences, les deux croisées peuvent amener des réponses et du développement. Qu’il s’agisse de Wever (Nice) et de l’association des entrepreneurs de la ZI de Carros qui tentent une expérience pour améliorer la mobilité des actifs, d’Oorikas (Sophia) et des laboratoires Ineldea qui ont monté une plateforme d’e-learning pour améliorer la formation du réseau de distribution du spécialiste du complément alimentaire ou encore de Veolia qui signe un partenariat avec Les Potageurs, startup niçoise qui développe l’agriculture urbaine, tous sont des exemples d’initiatives positives telles que le Hub business aimerait faire émerger.