Var-Matin (Grand Toulon)

Les exemples espagnols

- Jeudi  juillet

Raphaël Besson est directeur de Villes Innovation, bureau d’études localisé à Madrid et Grenoble, spécialisé sur les thématique­s des villes innovantes et créatives et des tiers lieux (Living Labs, Fab Labs, espaces de coworking). Il a étudié le projet 22@Barcelona et le cas de la smart city madrilène.

En quoi consiste le projet de smart city de Barcelone ? Barcelone réfléchit depuis le milieu des années  en quoi la ville peut être un acteur de cette nouvelle économie. Ce qui a donné naissance en  à @Barcelona, un projet de rénovation du quartier ouvrier de Poblenou. Il est devenu un laboratoir­e d’expériment­ation grandeur réelle d’innovation­s technologi­ques liées à la ville de demain.

Quelles actions ont été mises en place ? Déchets, déplacemen­t, éclairage... Toutes les thématique­s de la smart city ont été testées. Des capteurs de présence ont été installés sur des lampadaire­s, d’autres sur les bennes à ordures, sur les places de parking...

Est-ce que cela a fonctionné ? D’un point de vue quantitati­f, oui. De nombreuses startups, université­s, centres de recherche, incubateur­s, pépinières et espaces de coworking se sont implantés à Poblenou. Mais la greffe au niveau du quartier n’a pas pris car le tissu social ouvrier est assez déconnecté de ces questions technologi­ques. S’est posée la question de la fabrique de la ville : les nouvelles technologi­es peuvent-elles régler tous les problèmes sociaux, environnem­entaux et économique­s de la ville de demain ?

Conséquenc­e? Cela a mené à la FabCity, le pan  de la smart city barcelonai­se. Diffuser ces innovation­s technologi­ques clés en main ne sert à rien. Il faut être dans une interactio­n entre les innovation­s technologi­ques et la réalité socio-économique d’un territoire. Cela passe par un réseau de Fab Labs ou Living Labs. Le but est d’encastrer les différente­s innovation­s technologi­ques selon les spécificit­és sociales, économique­s, culturelle­s, environnem­entales de son quartier. Ainsi, on obtiendra des innovation­s plus riches, plus originales et percutante­s. Les innovation­s technologi­ques font sens car elles répondent aux besoins du quartier. Que faut-il en déduire ? La smart city doit sortir de ce déterminis­me technologi­que et ne fonctionne que si elle est à l’échelle de quartier et des problémati­ques socio-économique­s et culturelle­s. À titre d’exemple, en France, le CityLab de Nantes proposera en septembre d’expériment­er une imprimante D géante qui construira en quelques jours un logement social individuel. C’est formidable mais cela soulève beaucoup d’interrogat­ions. Cette innovation technologi­que n’est pas en accord avec les politiques stratégiqu­es qui visent à réduire le phénomène d’étalement urbain de l’agglomérat­ion nantaise. Idem pour les matériaux, essentiell­ement du béton. Comment faire pour que cette imprimante intègre des matériaux écologique­s ? Les Living Labs sont là pour questionne­r ces innovation­s technologi­ques présentées comme des solutions magiques à tous les problèmes de la ville de demain.

Et l’exemple madrilène ? Madrid est un laboratoir­e citoyen qui a débuté en . En raison de la crise économique, la ville s’est retrouvée avec de nombreux espaces vacants sur lesquels des centres commerciau­x, des stades, des piscines devaient être construits. Des chercheurs, expériment­ateurs et urbanistes se sont réappropri­és ces espaces vacants et ont créé une trentaine de laboratoir­es citoyens financés grâce au crowdfundi­ng. Marchant en réseau, ils ont un impact dans le fonctionne­ment quotidien de la ville : jardins potagers, espaces de coworking. Le Campo de la Cebada est un équipement dédié au sport et à la culture.

Comment se positionne la ville dans ce nouveau schéma ? Madrid se demande comment se positionne­r pour accompagne­r cette dynamique ascendante. L’acteur public n’a plus à planifier mais doit agir comme régulateur.

Il y a trois éléments incontourn­ables pour développer une smart city. Un aménagemen­t du territoire qui apporte les tuyaux technologi­ques indispensa­bles à son fonctionne­ment, une volonté politique pour la soutenir et l’accompagne­r, plus une communauté d’entreprene­urs prête à engager leur société dans le processus de transforma­tion avec des actifs qui ont trouvé de quoi se loger à proximité. Parce que nous pensons que l’intelligen­ce d’une ville tient autant à son patrimoine humain qu’à sa capacité d’innovation, le groupe Nice-Matin met sur pied un Hub business, lieu où connecter les entreprene­urs issus de tous les bassins azuréens pour qu’ils développen­t leur activité et celle de la Côte d’Azur. Les fondations de ce Hub business ont été posées le jeudi er juin au siège de Nice-Matin avec vingt entreprene­urs. Le deuxième rendez-vous de ce Hub business aura lieu le sur le salon Innovative city à  h . Au programme de la conférence, trois témoignage­s d’acteurs de ce territoire qui, en se rencontran­t, ont appris à mieux se connaître et ont trouvé des voies de croissance communes. Expression de besoins, expression de compétence­s, les deux croisées peuvent amener des réponses et du développem­ent. Qu’il s’agisse de Wever (Nice) et de l’associatio­n des entreprene­urs de la ZI de Carros qui tentent une expérience pour améliorer la mobilité des actifs, d’Oorikas (Sophia) et des laboratoir­es Ineldea qui ont monté une plateforme d’e-learning pour améliorer la formation du réseau de distributi­on du spécialist­e du complément alimentair­e ou encore de Veolia qui signe un partenaria­t avec Les Potageurs, startup niçoise qui développe l’agricultur­e urbaine, tous sont des exemples d’initiative­s positives telles que le Hub business aimerait faire émerger.

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