Var-Matin (Grand Toulon)

Le dernier défi de Jonathan Wisniewski

À bientôt 32 ans, Jonathan Wisniewski a fait le tour de France des clubs de rugby de renom. De Toulouse au Racing 92, il entend finir sa carrière à Toulon. Pour le meilleur...

- Textes : Paul MASSABO Photo : Patrick Blanchard

Dans la vie,

on ne perd

jamais. Soit

on gagne,

soit on

apprend”

Il semble être revenu de tout… ou presque. Treize ans de profession­nalisme ont apporté à Jonathan Wisniewski autant de quiétude que de sérénité. Il a appris au fil des épreuves vécues et traversées à prendre du recul. Le drame familial qui l’a frappé il y a six ans (son petit frère Jordan s’est tué dans un accident de voiture) lui a permis de relativise­r le bonheur d’une victoire, la détresse d’une défaite, la gravité « des choses de la vie ».

Dernier contrat a priori

L’ouvreur et buteur, qui a connu plusieurs clubs du Top 14, entend finir sa carrière à Toulon. Il a signé pour trois ans au RCT. A priori, ce seront ses derniers. Il a déjà pensé à sa reconversi­on (il a monté un restaurant à Grenoble avec un associé) et n’envisagera­it pas de rempiler. « Je veux aller au bout du bout de ma performanc­e. Si je devais choisir entre le Brennus et la coupe d’Europe, mon option est claire. Mon rêve c’est de toucher le bout de bois (le fameux Bouclier de Brennus). » Quand il a foulé la pelouse de Berg, lundi dernier, pour la reprise de la saison avec les jeunes et les nouvelles recrues, l’ancien ouvreur grenoblois s’est replongé quelques années en arrière. En cadet, il portait déjà le maillot rouge et noir. Et quand il se retourne sur tout son chemin parcouru, il a le sentiment de s’être forgé une vie de privilégié à force de travail. « Rebondir à Toulon est pour moi exceptionn­el. Après la saison vécue avec le FCG (relégation de Grenoble et Bayonne), venir ici, c’est génial, presque inespéré. » Inespéré ? Pas vraiment. Jonathan Wisniewski, qui porte les mêmes initiales qu’un certain Jonny Wilkinson, avait déjà été contacté il y et a quatre trois ans pour rejoindre le club varois. Les deux fois, il avait décliné la propositio­n. Et s’en explique: « J’avais refusé car je connaissai­s le mode de fonctionne­ment de Bernard (Laporte). Il ne faisait pas trop tourner. Accepter cette fois de signer à Toulon était pour moi le bon moment, dans le bon contexte. Le discours du président m’a beaucoup plu. Je n’ai rien à perdre. Je vais tout savourer ». C’est curieuseme­nt suite à une rencontre avec Mike Ford que Racingmen l’ancien a paraphé son contrat. Le changement de staff toulonnais n’a en rien bouleversé ses plans.

« Ici, tout est exacerbe »

« J’ai rencontré alors Fabrice Landreau, avec qui j’entretenai­s de bons rapports. Il a totalement validé ma venue dans ce grand club. Ici, tout est exacerbé. On joue dans de grands stades, on dispute de grandes compétitio­ns. Les phases finales, je les ai suivies ces derniers temps devant la télévision. C’est frustrant. Ces moments-là, en tant que joueur, on a tous envie de les vivre, de les jouer. » En une petite semaine, Jonathan a déjà intégré le fait qu’au RCT tout est différent. « Toulon, c’est vraiment particulie­r. Ici, on vise plus haut, plus fort. » Ce joueur, détesté par Pierre Berbizier, son ancien coach du Racing 92, espère pouvoir apporter un peu de fraîcheur dans son nouveau club. Avec son regard et son expérience, l’homme n’est pas du style à regarder, analyser, disserter ou commenter les situations de tel ou tel club. « Je me focalise sur mes performanc­es et le boulot que j’ai à faire. Ma seule envie est de m’impliquer à fond, d’apporter tout le vécu acquis au cours de ma carrière. Toutes les épreuves de la vie que j’ai dû traverser m’ont beaucoup appris sur moi-même. Je sais que la vie peut basculer sur trois fois rien en quelques secondes. » Voilà pourquoi, il évite de se prendre la tête. Voilà pourquoi il ne se préoccupe guère des aléas de la vie d’un club ou encore de la concurrenc­e. « Je l’ai toujours connue. Elle est de plus en plus dure. Mais qu’on me donne 1, 5, 10 minutes ou plus de temps de jeu, je ferai toujours du mieux possible. »

M’impliquer

à fond fait

partie de

mon ADN”

Sans aucune limite

Nouvelleme­nt installé avec femme et enfant (il a un garçon de 4 ans) à Solliès-Pont dans la maison de JeanCharle­s Orioli, ce joueur appelé en équipe de France juste avant de se blesser sait avoir raté « pas mal de choses» tout au long de son parcours. Voilà aussi pourquoi, il n’entend pas passer à côté de ces dernières années. « Je sais où je veux aller. Je ne me donne pas de limite » confie le buteur qui a travaillé sous la direction de nombreux entraîneur­s et présidents. Admiratif de son nouveau et atypique patron jamais avare d’une sortie médiatique («ça fait partie du personnage. C’est le parfait opposé de Jacky Lorenzetti», lâche-t-il détaché), Jonathan Wisniewski veut vivre ces trois dernières années à fond. Il ne ménagera pas sa peine pour jouer pleinement son rôle. Alors certes, il ne pourra pas faire oublier Jonny à qui on ne peut que succéder faute de pouvoir le remplacer. Pour autant, Wisniewski, qui vit sa passion du rugby à fond, sait qu’après avoir été adopté par les montagnard­s isérois, il saura séduire l’exigeant public de Mayol. Tant qu’il a la santé, tout lui est permis... À commencer par vivre un rêve éveillé.

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