Motiver, évaluer, financer
« Nous avons des armées de soignants dans le champ du curatif, mais quid de la prévention ?, interroge Emmanuel Ricard (Ligue nationale contre le cancer). Nous manquons de moyens à la fois humains et financiers. » Le Dr Gérard Laporte, président de la CME et chef du département SSR/USLD de l’hôpital privé gériatrique Les Sources, remarque lui aussi que l’on accuse le coup d’« un manque de volonté et d’un financement insuffisant de la part de l’État. Peut-être la solution doit-elle venir des établissements de santé et des médecins de ville…»
« La prévention, c’est un investissement en temps, en argent, complète Jean Brizon, directeur général adjoint du centre hospitalier de Cannes. Ça ne peut pas être abordé comme un acte classique, avec un remboursement.» Qui, dès lors, pour payer ? « Si on veut intéresser les financeurs, il faut leur présenter des études d’impact, des évaluations des actions de prévention », propose Jean Brizon. « On sent bien qu’il y a aussi un problème de coordination. Or, qui dit problème de coordination, dit problème de financement », débat Gérard Luccio, directeur général de l’IMS (Institut monégasque de médecine du sport). Antoine Cardone, représentant de la Banque Populaire Méditerranée, se dit conscient du rôle que des entités telles que les banquiers et les assureurs ont à jouer, et des enjeux : « On fait beaucoup de curatif mais peu de préventif, c’est évident. A nous d’avoir des idées sur ce qui est à préconiser. » Mais au-delà du financement, ce sont aussi les mentalités qu’il faut faire évoluer, et pas seulement celles des pouvoirs publics, comme le souligne Hervé Ferrand, directeur général de l’hôpital gériatrique privé Les Sources : « Lorsque l’on fait de la prévention tertiaire (destinée, une fois que la maladie est installée, à éviter les complications ou les rechutes, Ndlr) le public concerné est généralement à l’écoute. Pour le reste, c’est plus compliqué. Je crois que les Français ont intégré le fait que le système de santé les soigne lorsqu’ils sont malades. Ils n’ont pas forcément envie de prévention, de changer leurs habitudes de vie. Pour faire évoluer les mentalités pour que chacun intègre cette démarche préventive, c’est dès l’école qu’il faut agir. »