Grand Froid à l’affiche
Gérard Pautonnier, réalisateur d’origine toulonnaise signe son premier long-métrage avec Jean-Pierre Bacri. Actuellement au cinéma
Né à Toulon – avant d’aller vivre dans la région d’Antibes –, le réalisateur Gérard Pautonnier a souhaité que la première projection de Grand froid ait lieu au Pathé Liberté, il y a quelques semaines. Son premier long métrage réunit un beau casting d’acteurs en la personne de JeanPierre Bacri, Arthur Dupont, Olivier Gourmet interprétant de soi-disant professionnels des pompes funèbres, hilarants de désespoir, dans une petite entreprise en crise, vivotant dans l’attente d’un client hypothétique. Celui-ci finira par arriver. Mais ce mort à transporter ne sera qu’un prétexte à un road movie décalé sous la neige, sur fond de blues et musique amérindienne, dans un univers esthétique très léché, un pays indéfinissable. Jean-Pierre Bacri y prend des allures de corbeau, et fidèle à lui-même, reste plus que jamais déconfit et prêt à biaiser avec la réalité. Adapté d’un roman de Joël Egloff Edmond
(1) Ganglion & fils, ce premier long-métrage compte certes des imperfections, victime aussi de contraintes climatiques, financières. « Je n’ai pas eu le temps de le sublimer », reconnaît Gérard Pautonnier. Mais il nous marque, par un univers très personnel, qui essaie de survivre, dans un cinéma français de plus en plus formaté, comme nous le confirme son réalisateur .
Vous avez un parcours d’autodidacte, peu courant dans le cinéma… Effectivement, je n’ai fait aucune école. Je suis passé par la publicité où j’ai été directeur artistique en agence. Ça m’a permis d’apprendre à synthétiser un concept, une idée. Après, j’ai tout simplement commencé à faire des courts métrages tout seul. Mes premiers films étaient contre la chasse. J’ai fait un premier courtmétrage Chippendale barbecue qui a eu pas mal de prix à l’époque. Ensuite, j’ai fait des séries télé (Nos chers voisins sur TF, notamment, Ndlr). En fait, tout a commencé avec la rencontre avec le romancier Joël Egloff et son univers. Je m’y suis retrouvé, et je me suis dit que je pourrais apporter quelque chose avec mes images. On a mélangé nos deux univers. Son roman se passe en plein été sous une canicule… J’ai apporté ma direction artistique et le casting.
Jean-Pierre Bacri avait été emballé par votre projet dès le début… Oui, oui, Jean-Pierre a toujours été derrière le film. Il m’a aidé quand on n’a pas eu le financement. En fait, on a toujours eu du mal avec ce film, parce que c’est un univers singulier et c’est très très dur à vendre. Là, on se bat contre Mon poussin (film de Frédéric Forestier avec Isabelle Nanty... actuellement aussi au cinéma, Ndlr), mais on se bat à cause des salles, pas par rapport à leur sujet, qui est une comédie. C’est juste parce qu’ils ont salles de plus que nous… Dans Grand Froid, Jean-Pierre a beaucoup aimé le scénario, la singularité des personnages, et le soin apporté aux personnages secondaires. Et quand le film a été reporté d’un an par manque de financement, Jean-Pierre nous a vraiment dit qu’il attendrait que le film se fasse, qu’il ne prendrait pas autre chose…
L’action se passe dans le milieu des pompes funèbres, mais on parle plus du cynisme des vivants, que des morts…
Oui, oui, la mort n’existe pas dans ce film. C’est des gens qui se cherchent. Ce qui est difficile à vendre, c’est que c’est de la comédie noire plutôt esthétique, où le fond compte aussi comme la forme. Tous les producteurs préfèrent des Mon poussin…
Vous semblez fasciné par le cinéma américain. Celui des frères Coen ? Oui bien sûr, parce que ces gens arrivent à faire des histoires très barrées, mais très humaines finalement, avec des personnages secondaires qui ont beaucoup d’importance. Mais l’univers américain ne m’intéresse pas plus que celui de Roy Andersson (réalisateur suédois, Ndlr). Mon film est un western européen, du nord, finlandais…