Lavilliers en toute intimité au Thoronet
Soirée tout en contrastes, vendredi, pour la première des Nuits Blanches au Thoronet, dans le Var. Les vingtièmes du nom, qui ont su compiler tout l’éclectisme de vingt ans de programmation… Entre la fanfare néométal marseillaise du Banda du Dock, l’électro-pop guindée parisienne de Thérapie Taxi et l’invitation au voyage poétique et acoustique de Bernard Lavilliers, cherchez l’intrus… Pas Lavilliers en tout cas, qui a su mobiliser son public pour jouer à guichet fermé au détour de cette date calée sans vraie tournée. On the road again après cinquante ans de carrière, le chanteur a posé ses valises au Thoronet pour une prestation des plus intimistes. Exit les cuivres, les choeurs et la formation big band, c’est uniquement accompagné de son percussionniste et ami de longue date Dominique Mahut que Lavilliers a réinterprété ses standards et décliné les nouveautés acoustiques de son dernier album. Un ticket pour embarquement immédiat vers de nouvelles contrées musicales que ce Comptoir de des voyageurs où mélodie, tempo et harmonie se composent en duo minimaliste guitare-percussions. De textes engagés slamés en poèmes déclamés, l’artiste a su imposer son rythme. Quitte parfois à en dérouter certains…
Mélange des genres
Hors des sentiers battus également, la première partie grisante et électrisante de Thérapie Taxi. Les quatre membres de ce groupe révélation électro-rock de l’année ont enchaîné les singles aussi dérangeants que dérangés. Percutant, dansant, l’énergie scénique débordante et des textes crus, Thérapie Taxi détone dans le paysage musical francophone. Au risque de créer un petit décalage avec le public des premiers rangs, assis, quand la chanteuse Adelaïde se déhanche sur des titres aux doux noms tels que Salope(s) ou Crystal Memphis , ode à la métamphétamine… Enfin, spéciale dédicace à la fanfare du Banda Du Dock, venue assurée la présoirée et les changements de plateau à grand coups de Rage Against the Machine aux solos cuivrés et de chants scandés au mégaphone. Sans doute les premiers pogos sur la place du village du Thoronet… Voilà toute la magie de ce festival qui sait si bien brasser les générations comme les genres musicaux.