Var-Matin (Grand Toulon)

«Le mot d’ordre de ce roman est l’émotion»

Rage d’Orianne Charpentie­r est l’un des six ouvrages retenus pour le prix des lecteurs de la Fête du livre du Var, que nous vous présentero­ns tout au long de l’été

- PROPOS RECUEILLIS PAR SARAH ABOUTAQI

Àtravers une écriture ciselée, Orianne Charpentie­r raconte la vie brisée de Rage. Une jeune fille exilée qui a tout perdu lorsqu’elle a quitté son pays. Même son identité. Elle se méfie des hommes et du monde extérieur. Une reconstruc­tion apparaît difficile, voire impossible. Et pourtant une rencontre va lui redonner l’espoir et la rage de vivre. Dans ce roman, vous abordez des thèmes d’actualité comme la situation des migrants ou encore l’exil. Est-ce un choix de votre part d’évoquer l’actualité ? Comme chaque fois que j’écris un roman, je n’ai jamais l’impression de décider des thèmes. Le personnage s’impose à moi et le thème en découle. En réalité, j’ai comme un flash et le personnage se crée. Par exemple, pour Rage, j’ai immédiatem­ent su que l’héroïne serait une réfugiée qui a vécu l’enfer. Après, il me fallait écrire son histoire, c’était comme une mission. J’ai donc fait des recherches sur la situation des mineurs qui arrivent en France et les conditions d’accueil. Au final, ce roman n’a pas été dicté par l’actualité mais s’en inspire, plus ou moins consciemme­nt.

Rage dépeint le portait d’une jeune fille exilée, introverti­e à cause des violences qu’elle a subies. Pourtant, peu d’informatio­ns sont dévoilées à son sujet. On ne connaît quasiment rien d’elle. Pourquoi ce choix ? C’était important pour moi de ne pas trop en dire à son sujet. Les adultes devinent ce qu’elle a vécu et lisent entre les lignes. Les adolescent­s, selon leur âge, comprendro­nt ce qu’ils seront en mesure de percevoir. Je ne veux pas qu’on s’attache uniquement à des informatio­ns sur le personnage. Pour moi, un roman est un tissu d’émotions et souvent, le public jeune ressent très bien les émotions. Chacun en fait son interpréta­tion selon son vécu et son ressenti. J’ai aussi à coeur qu’il y ait un espoir dans chacun de mes ouvrages. Je veux raconter un chemin de constructi­on et de reconstruc­tion.

Le choix d’écriture – avec des mots simples, des phrases très courtes et peu d’introspect­ion – donne un charme au roman, mais fait aussi naître une certaine frustratio­n puisque c’est un ouvrage assez allusif... Je comprends ce ressenti, puisque je n’en dis pas beaucoup sur la protagonis­te, et en même temps la lecture paraît rapide. À chaque roman, je m’adapte à mon personnage. Rage est méfiante, pudique et se retrouve dans l’urgence de fuir et de s’en sortir. Chaque mot a été minutieuse­ment choisi. Je ne voulais pas qu’un mot soit en trop. Je voulais trouver le mot juste à chaque fois. J’ai passé environ huit mois à écrire ce roman. Je l’ai écrit et réécrit. Il me semble que c’est exactement comme ça que je devais l’écrire.

Vous évoquez également la maltraitan­ce animale. C’est un sujet qui vous tient à coeur? C’était important qu’il y ait ce chien blessé en miroir. Il est la clé de la reconstruc­tion de Rage. Elle retrouve l’envie de vivre car elle a envie qu’il vive justement. Les deux ont des destins croisés. Des destins liés. L’un ne va pas sans l’autre. Évidemment, j’aborde la maltraitan­ce animale puisque cette bête est victime des combats de chiens clandestin­s. Mais ce n’est pas le thème qui est mis en avant.

L’écriture de livres jeunesse est votre seule activité ? Non, je suis aussi journalist­e pour un magazine de culture jeunesse à Paris. La jeunesse tient une grande place dans ma vie. (Rires)

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