Deux heures sur les routes “mythiques” de l’ouest-Var
Des gorges d’Ollioules en passant par Évenos, le circuit du Castellet ou le cul-de-sac de Riboux : voici la preuve par quatre (roues) que l’attrait du secteur ne se limite pas aux splendeurs du littoral
Marre de subir la circulation dans le département le plus touristique de France ? Ras le pompon des itinéraires brûlants imposés par les ayatollahs du Pavillon bleu, au détriment de circuits esthético-culturels des terres intérieures ? Car oui et re-oui, il y a moyen d’avaler l’asphalte de l’ouest-Var en plein été sans s’étouffer ni user ses plaquettes, tout en régalant ses mirettes. D’abord, lancer sa clim ; deuxièmement, s’éloigner autant que possible des voies surchargées du littoral. Pour cela, nous avons choisi de partir d’Ollioules, au coeur de ville moins touristique que Sanary, certes, mais tout aussi charmante dès lors qu’il s’agit d’étudier une carte routière à la fraîche, attablé à la terrasse d’un café. Et puis la côte, ici, c’est cent mètres de quai occupé par les dépôts de munition de l’armée, alors… Alors c’est parti pour les gorges éponymes, l’ancienne « route militaire » et le spectaculaire canyon qui longe le lit de la Reppe. Décrite avec romantisme par Victor Hugo et George Sand (si, si), la beauté des gorges d’Ollioules accueille une chaussée ouverte en 1524 par l’armée impériale de Charles Quint lors de son invasion de la Provence. Rassurez votre titine : le chemin a tout de même été rénové deux ou trois fois depuis. Autre fait historique connu, les grottes environnantes cachèrent jadis les trésors du brigand Gaspard de Besse, le Robin des bois local, qui en profitait pour y tendre quelques guets-apens. Une vieille coutume qui n’a a priori plus court dans ces splendides parages.
Coincés au Castellet
Au bout de quelques kilomètres, nous ne saurons que trop vous conseiller de tourner à droite, direction le chemin de la basse Venette, ses pentes à 20 % et, si votre pompe à eau survit (ce qui est généralement le cas), le vieil Évenos. Posé sur un nid d’aigle, le village vaut assurément le coup d’oeil pour le point de vue qu’il offre depuis son château féodal du XIe siècle. La redescente se fait tranquillement vers Sainte-Anne d’Évenos, non sans un regard admiratif à droite, vers la pointe dominante des environs: le mont Caume et ses 804 mètres de dénivelé offerts aux courageux cyclistes. Ce sera pour une autre balade. Nous filons vers Le Beausset. Si la route, droite comme un « i », n’a d’autre intérêt que de nous faire passer enfin la cinquième, on se souvient quand même qu’il s’agit d’une portion historique de la RN8, la voie séculaire qui va d’Aix à Toulon et continuation logique de la mythique nationale 7 entre Paris et Menton. Commence ensuite la montée vers les hauts du Camp, où voitures et motos serpentent, certaines en pèlerinage vers le circuit Paul Ricard, à mesure que se laisse découvrir une vue époustouflante sur La Cadière, les parcelles de bandol et la Méditerranée bien accrochée au Bec de l’aigle ciotaden (photo ci-dessus). Un des plus beaux panoramas du département. Passé un bref recueillement devant le temple du moteur à explosion, aux portes du plateau de Signes, il est temps de rejoindre les confins du Var et l’un de ses plus petits villages : Riboux et ses 39 habitants au dernier recensement. Pour y parvenir, impossible de ne pas mettre une jante ou deux dans les Bouchesdu-Rhône. Prendre la départementale 1 après le parc d’attraction OK Corral et monter sur 10 km. Là, vous êtes au bout de la route, au milieu des pins, le portable ne passe pas et vous avez sans doute plus de chance de croiser un loup égaré qu’un technicien téléphonique. Ne reste plus qu’à faire demitour, où à s’attaquer à l’un des fabuleux sentiers de randonnée qui sillonnent la Sainte-Baume. Un must. Par coquetterie sémantique, nous choisirons la montée du Vieux Camp pour redescendre sur Le Brûlat et enfin le formidable village médiéval du Castellet, lieu idéal pour achever notre promenade comme nous l’avions initiée : sous un parasol, à sucer des glaçons. Un dernier conseil pour la route, toutefois : si vous souhaitez grimper jusqu’à l’emblématique place du Champ-de-bataille, faites-le à pied. Grisés à l’idée d’y photographier notre fidèle monture, nous avons voulu tenter l’escapade motorisée… avant de se retrouver coincés dans les rues étroites de ce petit coin de paradis, sans possibilité de manoeuvrer, entre les étals et les regards accusateurs des promeneurs. Une chance, vous dites ?