Var-Matin (Grand Toulon)

Michael Jones: « Je suis un peu le Karembeu des Enfoirés »

- LAURENT AMALRIC

Il nous donne, donne, donne tout ce qu’il est ! Michael Jones cet été. Pas moins de six dates entre le Var et les Alpes-Maritimes pour le musicien gallois qui a récemment demandé la double nationalit­é. « J’ai senti venir le Brexit en 2016. J’ai obtenu le certificat mais je n’ai toujours pas d’état civil chez vous... », s’amuse le musicien dans un français quasi-parfait. Arrivé en France en 1971 pour une « année sabbatique », il n’en est jamais reparti. Sept ans plus tard, la rencontre avec Jean-Jacques Goldman, alors au sein du groupe progrock Taï Phong, guidera sa destinée. « J’ai répondu à une annonce du Melody Maker, « groupe français chante en anglais recherche guitariste-chanteur». J’ai finalement été intégré pour faire le troisième album avec Jean-Jacques qui était sur le départ. Le coup de foudre musical a été immédiat. On a même fini par quitter le groupe ensemble alors que j’étais censé le remplacer ! On était dans le blues et le hard rock, AC/DC et Status Quo, alors que Khanh voulait maintenir un cap symphonico-progressif », raconte Michael dont le maître absolu se nomme Hank Marvin, figure des Shadows. « J’ai eu la chance de participer, comme lui, à un album du guitariste Jean-Pierre Danel – où figurait d’ailleurs également Brian May de Queen –, mais je ne l’ai jamais rencontré. Il vit en Australie...», raconte Michael qui en revanche a bel et bien joué avec Ray Charles et Joe Cocker. Officielle­ment retraité et retiré des studios depuis la sortie cette année de Au Tour de, 20 titres panoramiqu­es sur sa carrière remastéris­és aux studios Abbey Road, Michael Jones s’explique sur sa persévéran­ce scénique. « Tant que je fais de la scène je vis ! C’est là où je m’amuse. Regardez Henri Salvador. Il est mort quelques semaines après avoir mis fin à sa carrière... », sourit Michael qui compte bien continuer tant qu’il en aura les « capacités vocales ». Et physiques ! Un méchant accident de ski fin 2012 à Courchevel lui faisant traîner la patte...

Varois dans les ’s

« Pour poser la prothèse dont j’ai besoin, il me faudrait trois anesthésie­s générales d’affilée, alors je recule l’échéance... En plus en décembre, j’ai remis ça à la maison en bricolant. Une chute de deux mètres cinquante de haut, qui m’a valu quinze points de suture à la tête et pas mal de bobos au dos... Mais sur scène l’adrénaline compense tout. » Surtout dans le Var ! Au début des années 90, en pleine gloire Fredericks Goldman Jones, Michael résidait à Saint-Maximin. Six années de bonheur malgré des déplacemen­ts compliqués vers la capitale faute de TGV à l’époque... « Ma femme, commercial­e chez L’Oréal, avait été mutée dans le sud. Je serais bien restée dans le Var, ne serait-ce que pour le marché matinal avec ses tomates goûteuses cueillies du matin. Mais ensuite elle s’est retrouvée à Lyon. J’y réside d’ailleurs toujours », précise le dernier Enfoiré originel. « Je suis une sorte de Karembeu de la troupe. Je peux occuper plusieurs postes et remplacer n’importe qui au pied levé en tournée – comme c’est arrivé pour Christophe Willem ou Pascal Obispo – car je suis très polyvalent. » A vérifier ce samedi soir, lors du concert gratuit au Beausset dans le cadre verdoyant du Jardin des Goubelets. «Jouer devant des gens qui ne paient pas, n’est pas un problème pour moi. Le super challenge c’est de les garder ! », rigole Michael qui peut compter sur des tonnes de tubes pour les scotcher devant la scène.

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(Photo Sébastien Botella) À  ans, vêtu de son tee-shirt « Je ne suis pas vieux, je suis vintage », Michael Jones rencontré au Beausset, manie à la perfection l’art de l’auto-dérision.

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