Un des piliers de la nouvelle génération du jazz
L’an dernier, le chanteur guitariste Hugh Coltman a eu le redoutable honneur de relancer Jazz à Juan quelques jours après l’attentat du 14-Juillet. Hier soir, un an plus tard, il a réinvesti cette même scène avec le French quarter, un groupe formé pour prouver le renouveau du jazz français. Après avoir revisité le répertoire du chanteur Nat King Cole, Hugh revient de la Nouvelle-Orléans où il a choisi d’enregistrer son nouveau disque.
L’an dernier, après trois jours de deuil national, vous aviez rouvert Jazz à Juan. Quel était votre état d’esprit ? Je me suis dit que j’étais un artiste maudit ! Par deux fois, après le Bataclan et après les horreurs de Nice, j’ai dû remonter sur scène et jouer parce qu’on me demandait de le faire. C’était mon job… mais ce soir-là, il y avait un lourd nuage au-dessus de ma tête. [Silence] J’ai la chance de faire de la musique, je ne me sens pas en danger grâce à cela : je fais ce que j’ai toujours eu envie de faire de ma vie. Les plus courageux, selon moi, ce ne sont pas les musiciens mais les spectateurs qui viennent nous voir en concert. Ils savent qu’il existe toujours un risque, même si tout est fait pour assurer leur sécurité. On doit continuer à vivre tous ensemble pour vaincre le terrorisme et gagner cette guerre.
Votre maison de disque vient de ressortir l’hommage à Nat King Cole avec un concert en bonus. Pour l’art ou pour le business ? C’est la tendance actuelle des producteurs de ressortir un disque avec des suppléments. Personnellement j’y suis opposé. Mais je ne peux rien y faire : c’est une affaire de marketing, parce que le marché du disque est toujours en souffrance. Certains prétendent que le jazz a cent ans. Cet anniversaire fait polémique… La référence au premier enregistrement par des musiciens blancs, il y a cent ans, est incohérente. Le jazz est une musique créée par les esclaves, elle a beaucoup plus de cent ans !
Selon vous, le jazz est indissociable de la culture noire américaine ? Moins maintenant évidemment. Mais ce n’est pas un hasard si je suis allé enregistrer mon nouveau disque à la Nouvelle-Orléans. Pour moi, c’est là qu’est né le jazz. Trouver un prétexte pour fêter un anniversaire et vendre des À la fois pop et jazz, Hugh Coltman est un chanteur et un musicien protéiforme. A Juan-les-Pins, hier soir, il était la voix du French Quarter, un groupe qui s’est formé pour représenter le jazz français dans les festivals du monde entier. Hugh y rejoint Airelle Besson à la trompette, Laurent Coulondre à l’orgue,Thomas Enhco au piano et Anne Paceo à la batterie… « J’ai cette chance de ne pas être uniquement un chanteur de jazz. Je chante ce qui m’inspire sans me préoccuper du genre. Pour
ce groupe, par exemple, j’interprète Ballad of a sad young
Vous êtes connu pour aimer mélanger les genres. Le lieu où vous enregistrez est vraiment important ? [Il sourit] Forcément ! Je suis très fan de musiciens comme Kid Ory, Clarence Williams ou Fats Domino. C’est pour cela que j’ai choisi de travailler avec David Torkanowski au piano et Matt Perrine au tuba et aux cuivres. Ce sont des musiciens de la Nouvelle-Orleans. Notre travail est imprégné de ce pays où la musique se vit encore dans la rue. man qui avait été chantée par Roberta Flack et jouée par Keith Jarrett. C’est un modèle de parfait mélange du jazz et de la pop. Dans ce projet avec le French Quarter, nous sommes tous leaders. Nous voulons montrer que le jazz français n’a rien de marginal. Le jazz, c’était la musique pop de l’époque, celle des années swings. Aujourd’hui, un nouveau public jeune est touché.Vous verrez, on va progressivement arriver à faire de nouveau des hits ! La seule vraie différence entre le jazz et la musique populaire d’aujourd’hui, c’est que le jazz permet d’improviser. »