Var-Matin (Grand Toulon)

Un des piliers de la nouvelle génération du jazz

- PROPOS RECUEILLIS PAR ROBERT YVON ryvon@nicematin.fr

L’an dernier, le chanteur guitariste Hugh Coltman a eu le redoutable honneur de relancer Jazz à Juan quelques jours après l’attentat du 14-Juillet. Hier soir, un an plus tard, il a réinvesti cette même scène avec le French quarter, un groupe formé pour prouver le renouveau du jazz français. Après avoir revisité le répertoire du chanteur Nat King Cole, Hugh revient de la Nouvelle-Orléans où il a choisi d’enregistre­r son nouveau disque.

L’an dernier, après trois jours de deuil national, vous aviez rouvert Jazz à Juan. Quel était votre état d’esprit ? Je me suis dit que j’étais un artiste maudit ! Par deux fois, après le Bataclan et après les horreurs de Nice, j’ai dû remonter sur scène et jouer parce qu’on me demandait de le faire. C’était mon job… mais ce soir-là, il y avait un lourd nuage au-dessus de ma tête. [Silence] J’ai la chance de faire de la musique, je ne me sens pas en danger grâce à cela : je fais ce que j’ai toujours eu envie de faire de ma vie. Les plus courageux, selon moi, ce ne sont pas les musiciens mais les spectateur­s qui viennent nous voir en concert. Ils savent qu’il existe toujours un risque, même si tout est fait pour assurer leur sécurité. On doit continuer à vivre tous ensemble pour vaincre le terrorisme et gagner cette guerre.

Votre maison de disque vient de ressortir l’hommage à Nat King Cole avec un concert en bonus. Pour l’art ou pour le business ? C’est la tendance actuelle des producteur­s de ressortir un disque avec des supplément­s. Personnell­ement j’y suis opposé. Mais je ne peux rien y faire : c’est une affaire de marketing, parce que le marché du disque est toujours en souffrance. Certains prétendent que le jazz a cent ans. Cet anniversai­re fait polémique… La référence au premier enregistre­ment par des musiciens blancs, il y a cent ans, est incohérent­e. Le jazz est une musique créée par les esclaves, elle a beaucoup plus de cent ans !

Selon vous, le jazz est indissocia­ble de la culture noire américaine ? Moins maintenant évidemment. Mais ce n’est pas un hasard si je suis allé enregistre­r mon nouveau disque à la Nouvelle-Orléans. Pour moi, c’est là qu’est né le jazz. Trouver un prétexte pour fêter un anniversai­re et vendre des À la fois pop et jazz, Hugh Coltman est un chanteur et un musicien protéiform­e. A Juan-les-Pins, hier soir, il était la voix du French Quarter, un groupe qui s’est formé pour représente­r le jazz français dans les festivals du monde entier. Hugh y rejoint Airelle Besson à la trompette, Laurent Coulondre à l’orgue,Thomas Enhco au piano et Anne Paceo à la batterie… « J’ai cette chance de ne pas être uniquement un chanteur de jazz. Je chante ce qui m’inspire sans me préoccuper du genre. Pour

ce groupe, par exemple, j’interprète Ballad of a sad young

Vous êtes connu pour aimer mélanger les genres. Le lieu où vous enregistre­z est vraiment important ? [Il sourit] Forcément ! Je suis très fan de musiciens comme Kid Ory, Clarence Williams ou Fats Domino. C’est pour cela que j’ai choisi de travailler avec David Torkanowsk­i au piano et Matt Perrine au tuba et aux cuivres. Ce sont des musiciens de la Nouvelle-Orleans. Notre travail est imprégné de ce pays où la musique se vit encore dans la rue. man qui avait été chantée par Roberta Flack et jouée par Keith Jarrett. C’est un modèle de parfait mélange du jazz et de la pop. Dans ce projet avec le French Quarter, nous sommes tous leaders. Nous voulons montrer que le jazz français n’a rien de marginal. Le jazz, c’était la musique pop de l’époque, celle des années swings. Aujourd’hui, un nouveau public jeune est touché.Vous verrez, on va progressiv­ement arriver à faire de nouveau des hits ! La seule vraie différence entre le jazz et la musique populaire d’aujourd’hui, c’est que le jazz permet d’improviser. »

 ?? (Photo Sebastien Botella) ?? Au milieu du French Quarter qui s’est produit hier en fin de soirée dans la pinède de Juan-les-Pins : Hugh Coltman. L’année dernière, il avait eu le triste privilège de relancer le festival après l’attentat de Nice dans une ambiance d’hommages et de...
(Photo Sebastien Botella) Au milieu du French Quarter qui s’est produit hier en fin de soirée dans la pinède de Juan-les-Pins : Hugh Coltman. L’année dernière, il avait eu le triste privilège de relancer le festival après l’attentat de Nice dans une ambiance d’hommages et de...

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