Var-Matin (Grand Toulon)

10 000 pigeons voyageurs attendus à La Seyne

Les « athlètes des airs » arriveront à bord de semi-remorques demain au parc de la Navale, d’où ils s’envoleront vendredi à 6 h 30 dans le cadre d’un concours internatio­nal de colombophi­lie

- MA. D. mdalaine@nicematin.fr

Àquelques heures du lâcher, on les imagine piaffer d’impatience. Puis défendre becs et ongles leur maigre avance, entre ciel et terre et deux coups de mistral. Et enfin voler dans les plumes d’adversaire­s un peu trop pressés de rejoindre leur nid douillet. Bref, le moins que l’on puisse dire, c’est que les pigeons voyageurs que vous serez susceptibl­es d’admirer dans le ciel seynois vendredi au petit matin ne seront pas du genre à se la roucouler douce. Et on ne saurait donc que trop vous conseiller de mettre, ce jourlà, votre réveil à sonner. Car oui, si l’événement est aussi exceptionn­el que spectacula­ire, avouons-le, il a un bien vilain défaut : un horaire à vous faire prendre le petit-déjeuner quand le coq roupille. Car c’est bien dès 6 h 30 que s’envoleront 10 000 pigeons depuis le parc de la Navale. Une heure pour le moins matinale, mais « obligatoir­e pour qu’ils n’aient pas à trop voler la nuit », explique Jean-Pierre Bourgon, de l’associatio­n Les Colombes du soleil, qui tente de démocratis­er un peu le rendez-vous.

Direction le Nord

Vous l’aurez compris : les volatiles ne vont pas arriver de ce côté-ci de la rade dans quatre ou cinq semi-remorques bondés pour se contenter de survoler la deuxième ville du Var. Dans le cadre d’un concours internatio­nal de colombophi­lie organisé par de drôles d’oiseaux – les Belges du club de fond Wallonie – ils auront ainsi pour mission de rejoindre leur pigeonnier du Pas-de-Calais, de Belgique, du Luxembourg, d’Angleterre, d’Allemagne ou de Hollande. Bref, autant de destinatio­ns situées à 800 bornes minimum, et pour lesquelles les vitesses horaires sur les différents trajets feront l’objet de nombreux paris en Europe. Quand les spectateur­s admireront une étrange nuée, d’autres – les propriétai­res des pigeons – joueront gros donc dans l’histoire. « Certains individus valent dans les 300 000 euros aux enchères », assure JeanPierre Bourgon, pour qui l’expression « oiseau rare » prend tout son sens. Vous avez bien lu. De même que les gains engrangés par ces passionnés, surtout du côté du Plat Pays, peuvent parfois atteindre des sommets… pendant que d’autres y laissent évidemment des plumes. On comprend mieux, en tout cas, pourquoi ce genre de concours donne des ailes aux colombophi­les. « C’est une performanc­e sportive de haut niveau », tente encore de justifier notre Seynois. Mais encore? « Ces pigeons sont entraînés pour ça, nourris pour ça… Il y a même des contrôles antidopage à l’arrivée. Avec le vent dans le dos, ils peuvent taper des pointes à 120 km/h. »

 km/h de moyenne

Suivant la météo, on estime qu’un très bon volatile est capable de parcourir les 800 km en à peu près 10 heures. Soit une moyenne de 80 km/h sans pause ! Mais, nom d’un épouvantai­l, qu’est-ce qui fait voler les pigeons à ce rythme ? L’amour messieurs dames, l’amour ! « C’est un animal qui a un sens de l’orientatio­n inné et qui est très, très fidèle, poursuit encore Jean-Pierre Bourgon. On le sépare ainsi de sa compagne, afin qu’il soit vraiment pressé de rentrer. » Pas bête. Surtout si, au final, ça peut éviter au propriétai­re parieur de se faire pigeonner.

Il y a même des contrôles antidopage à l’arrivée ”

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(Photo doc Sonia Bonnin) En  déjà, des milliers de pigeons voyageurs s’étaient envolés du parc de la Navale.

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