Massacres de Signes: le pardon mais pas l’oubli
Sur le site de la nécropole nationale, le 73e anniversaire des massacres du 18 juillet et 12 août 1944, lors desquels 38 résistants furent exécutés par les nazis et la milice, a été commémoré
Hier soir, comme tous les ans à la même date et à la même heure, depuis le sinistre 18 juillet 1944, le temps s’est de nouveau figé sur la nécropole nationale de Signes. À 18 heures, 73 ans après les massacres du 18 juillet suivis de ceux du 12 août 1944 – lors desquels 37 résistants français et un officier américain furent assassinés par les nazis et les miliciens, dans un vallon reculé des collines de Signes – une cérémonie commémorative a rassemblé de nombreuses autorités civiles et militaires, les associations patriotiques d’anciens combattants et leur drapeau, d’anciens résistants... Pour un hommage à «une action hors du commun ». « C’était des héros. Ils chantent la
Marseillaise à tue-tête. Les nazis et leurs amis miliciens tirent des rafales de mitraillettes pour les faire taire, ils devront même casser la tête des derniers pour faire arrêter cette infernale Marseillaise » ,a rappelé, ému, Jean-Paul Chiny, président du comité de Marseille des anciens combattants de la Résistance, dans son discours.
« Courage et dignité »
Le délégué qui a rendu hommage a des personnalités disparues a
ensuite souligné en substance
combien « ces résistants, de tous les âges et de tous les milieux, que les nazis voulaient faire disparaître à tout jamais, avaient deux vertus essentielles : le courage et la dignité ». Avant de réaffirmer sa volonté de « faire connaître la nécropole nationale de Signes, lieu unique en France, en édifiant un mémorial de la Résistance provençale pour la région Paca ». Lui succédant, Jean Michel, le maire de Signes, a relevé que cet hommage rendu «est le témoignage fort et chaleureux de tous ceux pour qui les valeurs de la République et l’attachement à la patrie ont un sens profond et demeurent une réalité sacrée. Nous devons tous pardonner, mais ne jamais oublier ». Pour sa part Kevin Mazoyer, directeur de cabinet du préfet du Var, a fait l’analogie avec un autre massacre. Celui d’Oradour-surGlane, et le discours qu’y prononça en juin le président de la République Emmanuel Macron à destination de la jeunesse… « Puisse cette journée vous rappeler sans cesse que le respect, la tolérance, l’humanité, ne sont jamais acquis » C’est à André Laurent, l’un des quatre derniers survivants de l’armée secrète d’Oraison dans les Alpes-de-Haute-Provence, dont le réseau fut décimé à Signes, qu’est revenu l’honneur de conclure les discours. Les noms des victimes « mortes pour la France » ont ensuite résonné dans les collines tandis que trois enfants déposaient des bouquets sur leur tombe. Avant une vibrante Marseillaise , un émouvant Chant des partisans et, précédant la sonnerie aux morts, dix-neuf gerbes ont été déposés. Pardonner mais ne jamais oublier.