Var-Matin (Grand Toulon)

Projet de loi antiterror­iste : le Sénat entame un combat

Les sénateurs ont commencé, hier, l’examen de ce nouveau projet voulu par le gouverneme­nt pour remplacer, le 1er novembre, le régime de l’état d’urgence

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L’examen du texte est prévu jusqu’à aujourd’hui. Il sera ensuite transmis à l’Assemblée nationale où il sera débattu en octobre. Le gouverneme­nt souhaitant une adoption rapide, il a demandé la procédure accélérée, c’est-à-dire une seule lecture par chambre. Le Sénat s’est ainsi penché, hier, sur l’examen du nouveau projet de loi antiterror­iste voulu par le gouverneme­nt pour remplacer, le 1er novembre, le régime exceptionn­el de l’état d’urgence en pérennisan­t et en inscrivant dans le droit commun certaines de ses mesures. « Nous allons combattre le texte dans son ensemble », a annoncé le numéro un du PCF, le sénateur Pierre Laurent. « Le gouverneme­nt dit qu’il faut sortir de l’état d’urgence mais, en vérité, il le rend pérenne en organisant la limitation des libertés publiques », a-t-il déclaré.

« État d’urgence, État policier ! »

Plusieurs organisati­ons, dont Amnesty Internatio­nal France, la Ligue des droits de l’Homme ou le syndicat de la magistratu­re (SM), ont appelé les parlementa­ires « à ne pas se laisser abuser par l’idée que la France va sortir d’un régime d’exception, alors même qu’il s’agit de l’inscrire dans le marbre de la loi permanente ». Une centaine de manifestan­ts ont défilé, hier après-midi, dans Paris jusqu’au Sénat, à l’appel de plusieurs associatio­ns et syndicats, dont Droits devant, le DAL, le MRAP, le SM ou l’Union syndicale solidaire, aux cris de : « État d’urgence, État policier ! Nous ne lâcherons rien de nos libertés », a constaté un journalist­e. Le défenseur des droits Jacques Toubon, la juriste Mireille Delmas-Marty et le commissair­e européen aux droits de l’homme Nils Muiznieks se sont également inquiétés de ce projet.

« Des mesures qui nous semblent essentiell­es »

La menace terroriste « est là, toujours prégnante », a indiqué à l’ouverture des débats le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb. « Nous voulons sortir de l’état d’urgence, mais nous ne pouvons le faire sans adapter notre dispositif de lutte contre le terrorisme », a-t-il expliqué. « Il nous reste encore à prendre des mesures qui nous semblent essentiell­es », a-t-il ajouté. Il a aussi évoqué la « volonté constante » du gouverneme­nt « de concilier efficacité de la lutte antiterror­iste et préservati­ons des libertés individuel­les ». Pour le rapporteur, l’ancien garde des Sceaux Michel Mercier (UC), « ce texte ne fait pas entrer l’état d’urgence dans le droit commun ». « La création de périmètres de protection, la fermeture de lieux de culte, l’obligation de résider dans une commune, les visites domiciliai­res, sont des mesures de police administra­tive qui viennent parfaire un droit du terrorisme à la fois pénal et administra­tif », a-t-il souligné.

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(Photo AFP) Gérard Collomb, ministre de l’Intérieur, a souligné la « volonté constante » du gouverneme­nt « de concilier efficacité de la lutte antiterror­iste et préservati­ons des libertés individuel­les ».

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