Le pont des Esclapes, un ouvrage d’art mystérieux à Fréjus
Caché et même bien caché. Le pont des Esclapes se mérite, à un kilomètre du centre de Fréjus. Et si les agents municipaux ont dégagé ses abords pour qu’il ne s’efface pas entièrement sous la végétation, il se voit difficilement de loin au milieu des roseaux. Quel dommage d’ailleurs, de ne pouvoir l’appréhender avec davantage de recul pour apprécier ses trois arches voûtées en plein cintre, une grande au milieu, deux petites sur les côtés. « C’est l’un des plus beaux et des mieux conservés de Provence. Il ressemble structurellement à l’aqueduc » souligne Philippe Cantarel, guide conférencier de l’office de tourisme. En plus modeste bien sûr. Construit en petit appareil régulier, grès brun et vert et rhyolite, cet ouvrage d’art garde son mystère. Si les archéologues le datent du Ier ou du IIe siècle après J.-C., ils n’ont pas déterminé son usage. « Ils ont longtemps espéré trouver la route qui y circulait, sans résultat. Peutêtre le passage de la Via Aurelia, qui formait un coude à cet endroit, une zone humide. Son ampleur et ses dimensions (25 m par 5,5 m, Ndlr) ne s’accordent pas pour une voie secondaire, et il était trop petit pour franchir l’Argens. » Le fleuve coule d’ailleurs de nos jours à moins de 2 km plus au sud. Quant à l’origine de son nom, elle n’est pas connue. « Esclapes » pourrait venir du Provençal esclavo qui veut dire goutte de pluie, flaque, ou d’esclap-esclapa-esclapo, qui signifie brisé, éclat de bois. Voire d’un mélange des deux : l’eau qui vient se briser sur le pont… Pas illogique au regard de son avant-bec en pointe, côté ouest, qui permet de diviser les flots en cas de crue… En faisant quelques pas sur ce pont, tout en étant prudent car il n’est pas doté de garde-corps, vous marcherez, c’est sûr, dans les pas de nos ancêtres… les Romains !