Christopher Nolan s’en va-t-en guerre...
DUNKERQUE
De Christopher Nolan (USA). Avec Tom Hardy, Mark Rylance, Kenneth Branagh. Durée : 1 h 47. Genre : guerre.
Notre avis : ★★★★ L’histoire
En mai 1940, l’État-major allié doit organiser dans des conditions dramatiques l’évacuation des troupes britanniques et françaises prises au piège par le Blitzkrieg à Dunkerque. C’est l’opération Dynamo... Notre avis
Depuis quelques années, Christopher Nolan s’était spécialisé dans la science-fiction, brouillant les espacestemps à travers les virtuoses
Inception et Interstellar. Aussi pouvait-on appréhender avec méfiance son passage au film historique. Il ne suffit que d’un plan pour que les doutes se dissipent : celui d’un jeune homme fuyant dans la rue puis propulsé sur la plage de Dunkerque, pris au piège avec les troupes anglaises… Tourné en 70 mm, avec ce grain si beau qui caractérise chacune de ses oeuvres, Dunkerque se vit comme une véritable expérience. Plongée immersive qui joue sur les éléments, fait parler le feu entre mer, terre et air pour faire jaillir l’humain et la solidarité. Radical dans son approche et porté par une bande musicale et sonore aussi oppressante qu’omniprésente, ce faux blockbuster engage viscéralement le spectateur. Il est dans l’action, ressent chaque microsilence comme un répit, reprend son souffle et perçoit la peur de ces hommes qui cherchent « seulement » à survivre. Prenant le contrepoint des films de guerre habituels (on ne voit jamais un visage ennemi, uniquement les avions allemands) et en faisant fi des scènes sanguinolentes, Christopher Nolan vise juste. Sa réalisation, bluffante, qui joue sur les perspectives et la profondeur met en lumière l’avenir. Pas de lyrisme donc, peu de psychologie, mais des traumatismes et une temporalité bousculée. Il s’agit de filmer des corps qui se relèveront – ou pas – devant les attaques. Ballet macabre chorégraphié avec une précision d’orfèvre. La marque de fabrique d’un cinéaste d’ores et déjà culte, capable de s’approprier n’importe quel sujet avec une maestria hors du commun. Et celui-ci, articulé autour du sauvetage de plus de 300 000 hommes se devait d’être raconté de la sorte. Un modèle du genre.