Var-Matin (Grand Toulon)

L’heure de vérité

Quatre hommes forts visent toujours la victoire à quatre jours des ChampsElys­ées. Les étapes alpestres, aujourd’hui et demain, devraient changer la donne

- À ROMANS-SUR-ISÈRE, ROMAIN LARONCHE

Les quatre premiers du général qui se tiennent en moins de 30 secondes. C’est simple, ça ne s’est jamais vu aussi près de l’arrivée. Mais l’étape du jour et ses quatre cols, dont le Galibier, et celle de demain, qui se termine au sommet de l’Izoard, risquent de bouleverse­r ce classement. Lucien Aimar, vainqueur du Tour 1966 et Laurent Brochard, champion du monde 1997, se lancent dans le jeu des pronostics.

L’Izoard va-t-il paralyser la course ?

Escaladé 33 fois dans l’histoire du Tour, l’Izoard n’a jamais servi d’arrivée d’étape. Le final de demain promet d’être spectacula­ire. «Je pense que la victoire dans le Tour va se dessiner à l’Izoard », a même avancé Romain Bardet, lundi. Risque-t-il de freiner l’offensive aujourd’hui vers Serre Chevalier. «Je ne pense pas », glisse Aimar. « Sinon Romain Bardet finira 2e ou 3e du Tour. Il ne peut pas rester inactif puisqu’il est inférieur à Froome ou Uran sur le chrono. L’Izoard est un col mythique, où il fait chaud, irrégulier, ce qui ne va pas arranger Froome, mais la bataille aura lieu avant ». Un avis partagé par Laurent Brochard. « C’est tellement serré au général, que personne ne peut prendre le risque d’attendre le jour suivant. L’Izoard aura son importance, mais il y aura deux étapes magnifique­s ».

Des attaques dans les descentes ?

On l’a vu depuis le départ du Tour, les principaux favoris n’arrivent pas à créer des écarts dans les ascensions. Reste les descentes. Comme celle du jour, longue de 28 km depuis le sommet du Galibier vers Serre Chevalier. « Si les coureurs arrivent ensemble au sommet du Galibier, certains peuvent prendre des risques et récupérer quelques secondes dans la descente », estime l’ancien bras droit de Virenque. « Mais c’est une descente technique, sinueuse, rapide, où il faut quand même pédaler. C’est un effort qui serait semblable à un chrono. Le coureur devra être très fort pour réussir à s’échapper ». Un fuyard aujourd’hui dans la descente, Lucien Aimar n’y croit pas. «Il n’y a pas de grand descendeur. Quelqu’un capable de prendre 1 minute tous les 10-15 km. Quand je vois les coureurs se mettre en danseuse à la sortie d’un virage, c’est qu’ils ont freiné et perdu du temps dedans. Un grand descendeur sort plus vite qu’il n’entre dans un virage », analyse celui qui est considéré comme l’un des plus grands spécialist­es du genre de l’histoire du Tour. « La différence devra être faite dans la montée. Et le coureur devra passer le sommet avec 15 ou 30 secondes pour pouvoir aller au bout ».

Froome intouchabl­e ?

Le Britanniqu­e, qui n’a pas encore remporté la moindre course depuis le début de la saison, semble moins souverain. Mais il reste le maillot jaune. « C’est difficile de donner le nom du vainqueur », reprend Brochard, qui conduit les invités de France Télévision­s sur la Grande Boucle. « Je vois bien un final comme sur le Giro (les quatre premiers se tenaient en 53 secondes avant le dernier chrono l’ultime jour). Néanmoins, Froome reste mon favori. Il a une équipe si forte et il a une marge de 30 à 50 secondes sur ses adversaire­s dans le chrono ». Une analyse similaire à celle du Varois âgé de 76 ans. « Froome est moins fringant que sur ces dernières victoires sur le Tour, mais l’adversité n’est pas si coriace que ça. Ce sera difficile de le battre, et puis on a vu qu’il était costaud sur son retour après son incident mécanique (dimanche dans le col de Peyra Taillade) ».

Bardet sur le podium ?

Deuxième l’an passé, troisième ce matin, Romain Bardet est l’adversaire numéro 1 selon Chris Froome. Pour le placer sur le podium à Paris, il n’y a qu’un pas. « Ce serait une erreur de parler d’un duel Froome-Bardet », nuance Brochard. « Ils ont les deux meilleures équipes, mais il ne faut pas négliger Aru, Uran ou même Yates. C’est possible de le voir sur le podium, mais dans la 3e semaine, c’est surtout l’état de fraîcheur qui va parler ». Le champion de France 1968 y croit davantage. « Je le vois finir 2e et Uran 3e. Aru commence à donner des signes de fatigue ».

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