Var-Matin (Grand Toulon)

Tour de France : Barguil au sommet

Le leader d’AG2R a fait rouler son équipe, pris ses responsabi­lités, mais n’a pu faire craquer Froome. Il se contentera de la deuxième place prise à Uran

- À BRIANÇON, ROMAIN LARONCHE

Il y a plusieurs manières de lire le classement général ce matin. La première, plutôt positive, consiste à estimer que Romain Bardet a grignoté six secondes (dont quatre de bonificati­ons) à Uran, récupéré la deuxième place au Colombien et ne pointe qu’à 23 secondes de Froome à trois étapes du terme. Un bilan largement positif qu’il aurait signé des deux mains au départ de Düsseldorf. La deuxième interpréta­tion est logiquemen­t plus assombrie. Car avec les 22,5 km de chrono en point de mire demain à Marseille, le leader d’AG2R n’a plus un terrain de jeu qui lui est favorable. Logiquemen­t, il ne pourra plus que dégringole­r au général. Pas forcément du podium, puisque Fabio Aru a perdu encore du temps hier (1’06’’ bonifs comprises) et l’Italien, compte 1’32’’ de retard sur le Français.

« On a fait la course qu’il fallait »

La principale menace pour Bardet se nommera Mikel Landa, encore à l’avant-hier, qui lorgne vers ce podium (+1’13’’ sur Bardet). Hier, le natif de Brioude avait pourtant tous les ingrédient­s pour lui. Un col mythique, cet Izoard considéré comme « une nouvelle version de l’enfer » par Jacques Goddet, qui l’avait introduit en 1922. Des pentes irrégulièr­es et surtout une foule dense, énorme, colorée en bleublanc-range, qui n’a pas arrêté de pousser les hommes de Lavenu pendant toute l’étape. Grisé, le 2e du dernier Tour avait décidé luimême de faire rouler ses hommes à l’avant du peloton dès le col de Vars, alors que les Sky laissait filer l’échappée. Domont, Gautier, Gastauer, Vuillermoz, Frank ont, tour à tour, répondu à l’appel. Au fond de lui, celui qui possède un pied-à-terre à Vence pour s’entraîner l’hiver rêvait de revenir et franchir en vainqueur cette ligne d’arrivée. Certaineme­nt la plus belle de ce Tour. Après une première accélérati­on de Frank, son coéquipier à 6,5 km de l’arrivée, le boss de l’équipe tentait sa chance à 3 km du sommet. Une attaque aussitôt avortée par la ‘‘moulinette’’ du maillot jaune. « On a fait la course qu’il fallait et j’ai tout donné. Je n’ai aucun regret », glissait le Français de 26 ans, qui peinait à retrouver son souffle. Son ultime coup de canif à 500 m de la ligne a fait mouche, mais il ne lui a permis que de grappiller quelques miettes. « Je connaissai­s le final très dur. J’ai fait croire à Froome que j’étais pas super et j’ai fait mon effort aux 500 m ».

Froome : « Uran, ma principale menace »

Le Britanniqu­e a répondu à l’attaque mais n’a pu déborder Bardet pour récupérer les bonificati­ons. Ce coude à coude entre les deux hommes illustre bien leur niveau similaire cet été en montagne. Ce qui est déjà énorme si l’on se souvient de juillet dernier. C’est d’ailleurs, un pur statu quo dans les Alpes entre Froome et son dauphin en deux étapes et sept cols. « J’ai essayé, mais distancer Uran et Bardet, c’était presque impossible », estimait celui qui s’avance un peu plus vers un quatrième sacre. « Je suis content, avec l’équipe, on a très bien contrôlé. Maintenant, j’ai passé les Pyrénées, puis les Alpes, le massif que je trouve le plus dur habituelle­ment, sans problème. » Avec 23 secondes d’avance sur Bardet, 29 sur Uran, le résidant monégasque va certaineme­nt remporter son succès le plus ténu sur le Tour. Le tout sans victoire d’étape, ce qui serait une

première. À moins que le ‘‘Kényan blanc’’ ne remette les pendules à l’heure dans les rues marseillai­ses demain. « Gagner le chrono ? Je ferai le maximum car Uran n’est qu’à 29 secondes et il est ma principale menace. C’est sûr que ça aurait été formidable de gagner aujourd’hui (hier), en haut du col le plus emblématiq­ue, mais mon but est de ramener le maillot jaune à Paris. Si j’y parviens, je n’aurai aucun regret ». On peut penser qu’il fera tout, demain, pour éviter ce scénario.

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(Photo AFP) S’il a a repris la place du général, hier sur les pentes vertigineu­ses de l’Izoard, Romain Bardet n’est pas encore sûr de figurer à nouveau dans le top  final, dimanche à Paris...

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