Comment limiter la prolifération du sanglier ?
Ils sont de plus en plus nombreux mais de moins en moins farouches et posent de sérieux problèmes aux agriculteurs. Face à ce que certains considèrent comme un véritable “fléau” ou une “invasion”, il existe quelques techniques pour se protéger des sanglie
Il prolifère d’année en année, de glandée en glandée. C’est devenu un cauchemar pour tous les viticulteurs, mais aussi pour les simples particuliers qui ont un jardin ou un potager à entretenir. Comme beaucoup d’animaux, le sanglier est, en général, uniquement apprécié lorsqu’il se retrouve dans notre assiette, que ce soit en terrine, en daube ou en civet. Mais depuis quelques années, le sus scrofa domesticus se rapproche dangereusement de nos villes. Et sa population est en perpétuelle augmentation.
Quel est le problème ?
Difficile d’évaluer très précisément le nombre de ces animaux sauvages. Ce que l’on sait déjà, c’est qu’au niveau national, plus de 500 000 bêtes sont tuées chaque année. C’est environ dix fois plus qu’à la fin des années soixante-dix. Pourtant, cela ne suffit pas à limiter les ravages sur les cultures, tout particulièrement dans le Var ou les Alpes-Maritimes, où pas une saison ne se passe sans qu’agriculteurs et vignerons déplorent les dégâts causés par la venue des sangliers, lesquels représentent pour certains, « 15 à 30 % de perte sèche sur les récoltes ». En dix ans, le nombre de cochons sauvages aurait quasiment doublé dans le sud-est de la France. Et ce, malgré les quelque 10000 sangliers abattus cette année dans les AlpesMaritimes et près de 25 000 bêtes dans le Var. La facture commence à être sérieusement salée dans les vignobles varois. « On peut chiffrer les dégâts sur les exploitations vers les 600 000 euros sur le département que notre fédération est déjà en train de rembourser. À l’échelle nationale, cela représente environ 35 millions d’euros », estimait, il y a quelques semaines, Marc Meissel, président de la fédération départementale des chasseurs. Et encore. Comme le souligne Jean Crousillat, docteur en biologie et ancien membre de la commission départementale de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS), « ces chiffres-là sont en dessous de la réalité, dans la mesure où ils ne comptabilisent que les relevés des battues administratives ». Il faut donc ajouter à cela les tirs de nuit ou tirs de rencontre.
Quelles sont les causes ?
« En gros, calcule le chercheur, aujourd’hui retraité, cela représente 15 % de plus. » Pire : les sangliers se rapprochent des villes et traversent de plus en plus les autoroutes. « C’est un peu triste à dire, mais le jour où les enfants mourront sur la route avec leurs parents à cause des sangliers, prévient Jean-Marie Quef, directeur du domaine de l’Amaurigue, au Luc-en-Provence (Var), on prendra enfin le problème au sérieux.» Pour Jean Crousillat, il y a « plusieurs grandes raisons »qui expliquent cette prolifération soudaine. « D’abord, entame le chercheur, si on a de plus en plus de sangliers, c’est à cause du manque de nourriture. Les années où la glandée est bonne, ils restent dans les bois. En revanche, quand ce n’est pas le cas, ils sont obligés de s’approcher des habitations pour trouver de la nourriture.» Ensuite, le problème est aussi d’origine humaine. « Les habitations sont de plus en plus rapprochées des leurs, ce qui fait que leur territoire se restreint.» Autre explication avancée : « Les chasseurs ont fait à la périphérie des bois des cultures de dissuasion comme le maïs, et les sangliers ont pris l’habitude de sortir ». Enfin, la plupart des spécialistes notent que le comportement sexuel des sangliers a évolué à cause de la chasse à outrance. Comme le souligne par ailleurs Vincent Chéry, directeur adjoint à la Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM) du Var, « on assiste au vieillissement de la population des chasseurs qui sont moins nombreux qu’avant. Le monde a changé, dit-il. C’est pourquoi on doit aussi tout faire pour faire perdurer cette passion ». Car sans chasseur, « le problème deviendrait encore plus ingérable », abonde de son côté Marc Meissel.