La justice va enquêter sur les assistants parlementaires MoDem
Après le FN, le MoDem : des juges d’instruction vont enquêter sur les soupçons d’emplois fictifs pesant sur les assistants parlementaires européens du parti centriste, une affaire qui a conduit trois ministres de cette formation à démissionner il y a un mois.
« Abus de confiance »
« Au vu des premiers éléments recueillis dans le cadre de l’enquête préliminaire » , le parquet de Paris a ouvert mercredi une information judiciaire contre X pour « abus de confiance, recel d’abus de confiance et escroqueries », a-t-il annoncé hier. La justice cherche à savoir si des collaborateurs parlementaires ont été en partie rémunérés par les fonds publics du Parlement européen alors qu’ils étaient en réalité affectés à d’autres tâches pour le MoDem. Cette enquête a écourté la présence du parti centriste dans le gouvernement d’Édouard Philippe, entraînant la démission de trois ministres: François Bayrou (Justice), Marielle de Sarnez (Affaires européennes) et Sylvie Goulard (Armées). L’affaire a débuté en mars par une dénonciation d’une élue du FN. Le parquet de Paris ouvre alors une enquête préliminaire pour « abus de confiance », visant une vingtaine d’eurodéputés de tous bords, dont deux du MoDem. En juin, la polémique rebondit : un ex-employé du parti centriste, Matthieu Lamarre, affirme avoir été en partie rémunéré comme assistant de l’eurodéputé Jean-Luc Bennahmias, alors qu’il travaillait « uniquement pour le siège » à Paris. Le parquet décide alors d’ouvrir une enquête spécifique sur le MoDem qui a envoyé six élus au Parlement européen entre 2009 et 2014.
Pratiques anciennes ?
Le cas de Matthieu Lamarre pourrait ne pas être isolé. L’ex-députée européenne Corinne Lepage, en rupture avec le MoDem, a ainsi affirmé dans un livre avoir été sollicitée pour embaucher un permanent du parti comme collaborateur et avoir refusé. Plusieurs cas sont au coeur des investigations, notamment celui de l’ex-eurodéputée Marielle de Sarnez. Isabelle Sicart et Karine Aouadj, deux de ses assistantes parlementaires locales, cumulaient des fonctions pour le parti: la première, à mitemps, comme cheffe de cabinet de François Bayrou, et la seconde comme secrétaire particulière de ce dernier. Les pratiques dénoncées pourraient être anciennes. « On a proposé en 2004 à Jean-Marie Cavada d’embaucher un permanent comme collaborateur, il a refusé », assure Corinne Lepage. Selon elle, « ce système pourrait avoir perduré en 2014 ». François Bayrou, patron de l’UDF à partir de 1998, puis du MoDem depuis 2007, pouvait-il ignorer ces pratiques si elles sont avérées ? « Nous n’avons jamais eu d’emplois fictifs », a assuré l’ancien garde des Sceaux au moment de sa démission, le 21 juin, dénonçant une manoeuvre politique.